Après Ernest et Rebecca et les Souvenirs de Mamette, l’envie m’est venue de faire le grand écart (au niveau lecture de BD pas en vrai parce que sinon je ne vous raconte pas les dégâts, mais c’est une autre histoire). Place donc à un recueil plein de sueur et de testostérone, un recueil pour les mecs, les vrais, les tatoués (pas du tout pour moi en gros).
Doggy Bags est inspiré des Double Feature, ces séances de cinéma typiques des années 70 où l’on pouvait voir deux films de série B pour le prix d’un. Les références plus récentes sont apparemment à chercher du coté de Tarantino ou de Robert Rodriguez (Kill Bill ou Machete). Je dis apparemment parce que je suis une vraie buse au niveau cinématographique et je n’ai vu aucun des films précités. Pour moi, ce recueil se rapproche plutôt des comics comme les Contes de la crypte. Quoi qu’il en soit, comme tout recueil collectif qui se respecte, Doggy Bags souffre d’une certaine inégalité qualitative. La première histoire est très faiblarde niveau scénario et est aussi vite lu qu’oubliée. La seconde propose une héroïne d’une plus grande épaisseur psychologique mais le tout est un peu trop bavard à mon goût. A noter tout de même pour les fans de Freak’s Squeele que Florent Maudoux y met en scène la mère de Petit-Panda, l’un des personnages phares de sa série fétiche. Finalement, c’est le duel dans le désert d’Arizona imaginé par Run qui justifierait presque à lui seul l’achat du fascicule. L’ambiance est sombre, crépusculaire, la violence omniprésente et la pirouette finale fort bien trouvée. Un régal !
Graphiquement, si les traits des trois auteurs sont différents, la mise en page est à chaque fois ultra dynamique avec cadrages ébouriffants et découpage sans aucun temps mort. Je ne peux m’empêcher de citer une phrase tirée de la chronique parue le mois dernier dans le mensuel Casemate qui résume l’album mieux que tout grand discours : « Oubliez les tisanes nuit-calme, Doggy Bags se lit une bière à la main ». Et surement aussi avec la bande son adéquate, à savoir un rock’n’roll crasseux et dégoulinant hurlé par Lenny, le chanteur de Motörhead.
Vous l’aurez compris, Doggy Bags ne fait pas dans la dentelle. La maquette est particulièrement soignée avec la superbe couverture vintage, les petites publicités décalées qui ouvrent chaque récit et le poster détachable en fin d’ouvrage. L’objet est beau et agréable à prendre en main. Après, pour ce qui est du contenu, disons qu’il s’adresse à des lecteurs avertis. Un projet éditorial original en tout cas qui mérite que l’on s’y attarde pour peu que l’on aime la BD dans toute sa diversité.
Doggy Bags T1 de Run, Maudoux et Singelin, Éditions Ankama, 2011. 112 pages. 13.90 euros.
Guillaume Singelin
Florent Maudoux
Mort ou vif, de Run
L’info en plus : Un second volume de Doggy Bags devrait paraître en septembre. Une parution semestrielle qui devrait être pérennisée si le succès est au rendez-vous. Affaire à suivre donc…