Que le visiteur qui souhaite tout comprendre de la grande histoire de la vie sur Terre passe son chemin. Il ne faut pas s’y tromper pour autant : le musée d’Histoire Naturelle de Rouen est un petit bijou, un musée comme on en fait plus et qu’il fait bon visiter.
Le parquet craque, les anciennes vitrines de bois brinquebalent à chaque pas un peu brusque, des animaux empaillés et d’autres curiosités emplissent l’espace, identifiés par de petites étiquettes jaunies écrites à la main.
Tout ici respire le musée du début de la fin du XIXe siècle, vestige d’un autre temps de la muséologie. Installé en 1828, il était d’abord destiné aux étudiants en médecine avant de s’ouvrir au public en 1834. Vous croiserez d’ailleurs de belles maquettes pédagogiques démontables du XIXe siècle. Certains s’étonneront peut-être de cet inventaire méticuleux, visant l’exhaustivité, qui a le cachet de ce que devaient être les cabinets de curiosités, reflet de la présentation scientifique du début du siècle. Les salles sont bondées de spécimens en tous genres, savamment répartis selon des classifications scientifiques aujourd’hui contestées. Quelques rares panneaux, fort pauvres en informations, ont été ajoutés récemment.
La déambulation se fait au gré des galeries et des vitrines, allant des mammifères aux poissons pour finir par les volatiles, en passant par une galerie de minéraux et en croisant bocaux et autres items étranges et effrayants. La visite se termine par une série de dioramas, reconstitution de scènes animales, datant du début du XXe siècle.
Même si l’on passe bien vite dans certaines salles, la magie opère. L’on s’émerveille à la fois devant ces vestiges mobiliers du siècle passé et devant la diversité brute des formes animales et minérales. L’on ressort curieux, un peu déboussolés, les yeux emplis de drôles de bêtes et de formes, la tête perdue dans le temps de nos parents et grands parents, s’attendant presque à croiser Joseph Pagnol et sa classe, si nous n’étions pas si loin des latitudes marseillaises….
Un vrai bonheur donc, même si la médiation n’est pas du tout au rendez-vous. Pourtant, le musée est conscient de son potentiel, puisqu’on lit dans son livret de présentation qu’il est un « musée de musée ». Néanmoins, le discours des panneaux est plus axé sur l’évolution de la science en elle même que sur l’évolution de sa transmission au public via le musée. Le principal objectif du musée reste d’ailleurs la médiation des sciences naturelles. Constamment, l’on oscille entre présentation des contenus et présentation de l’histoire de la muséologie scientifique. Le musée gagnerait en originalité à choisir radicalement ce second axe.
On prie pour que cette réflexion se fasse sans toucher à un seul bocal, vitrine ou étiquette !
Les + :
- un charme désuet certain et très efficace.
Les – :
- médiation réduite au minimum. Vous gagnerez à lire le livret que l’on ne remet pas systématiquement à l’accueil pour mieux apprécier les évolutions subtiles de muséologie.
- Un double discours difficile à mener : présentation de la science, ou présentation de l’histoire de la muséologie.
Pour plus de photos : Galerie Picasa
Renseignements pratiques:
Museum de Rouen
198 rue Beauvoisine, métro Beauvoisine
76 000 Rouen
Ouvert tous les jours sauf le lundi de 14h à 17h30
02 35 71 41 50
Par Ap. B.