Les évènements récents éclairent crûment le rôle des techniques actuelles de communication et d’échange, Internet, les smartphones, les réseaux sociaux. Les révoltes actuelles du Maghreb auxquelles nous venons d’assister doivent à l’évidence une grande part de leur succès à l’utilisation massive de ces nouveaux moyens par les citoyens. Aucun des gouvernements concernés par ces mouvements de révolte n’a pu empêcher la mobilisation en masse des individus qui communiquent entre eux en temps réel malgré les obstacles levés par les États, qui diffusent les mots d’ordre et qui s’informent sur les évènements et les moyens de contourner ces obstacles. Chaque manifestant peut, en permanence, se mettre en relation avec un nombre considérable de citoyens, créant presque instantanément un mouvement de foule que les gouvernements peuvent interdire mais sont incapables d’entraver. Les barricades empêchent les véhicules policiers et les chars de circuler, mais rien n’empêche les citoyens de s’informer mutuellement. Les levées de protestations ne sont plus uniquement confinées à l’espace restreint d’une ville, mais sont instantanément nationales, voire internationales. La propagation des revendications s’étale comme une immense tache d’huile qu’aucun barrage policier ou militaire ne peut arrêter. Ce qui vient de se passer en Tunisie et en Égypte, ce qui se passe au Yémen, en Jordanie, en Algérie, ce qui va se passer ailleurs (les Émirats, l’Arabie Saoudite, la Libye, l’Iran forcément, …), est une conséquence de l’utilisation massive des nouveaux moyens de communication. Qui aurait pu le prévoir ? Aucun gouvernement, aucun gourou de la communication, aucune société de conseil n’a imaginé le rôle sociétal de ces techniques. Un champ de réflexion vient de s’ouvrir. Espérons que la démocratie née de la volonté d’un peuple sera plus réussie que celle imposée par les armes, comme en Irak et en Afghanistan.