En France, le 9 février 2011, au Pavillon d'Ermenonville dans le XVIème arrondissement de Paris, avait lieu le diner annuel du CRIF, le Conseil Représentatif des Institutions juives de France.
Le CRIF avait invité les représentants des trois religions monothéistes à cette soirée.
Outre Gilles Bernheïm, le Grand rabbin en France, était présent André Vingt-Trois l'archevêque de Paris, ainsi que Dalil Boubaleur, le recteur de la Grande mosquée de Paris, Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman et Claude Baty, président de la Fédération protestante de France.
Richard Prasquier, le président du CRIF a rappelé le danger encore aujourd'hui à être juif en disant "Aujourd'hui les Juifs sont agressés pour leur soutien à Israël car Israël est devenu le Juif des nations. (...) Dans le monde les Juifs sont une petite minorité. (...) Dans le monde, les Juifs sont une toute petite minorité : ils ont été presque toujours marginalisés, souvent persécutés et parfois exterminés. Ils ont une religion commune, une histoire commune, et une approche de la vie commune. C'est pourquoi les Juifs sont un peuple. Israël est le seul pays au monde où les Juifs sont et devront rester majoritaires. C'est l'État du peuple juif".
Il rappelle"Le lien des Juifs aux démocraties est profond. Ils y ont obtenu liberté et égalité des chances. En retour, ils ont beaucoup apporté".
Il n'oublie pas l'horreur en disant "La Shoah n'est pas qu'un fait d'histoire, elle illumine de sa lueur blafarde le territoire de nos interdits. Elle éclaire l'homme dans son indifférence, sa malléabilité et sa surdité grégaire, mais aussi dans sa liberté d'héroïsme. Elle éveille et elle alerte. Elle oblige à penser, notre époque pousse à zapper".
Il rappelle que l'oubli ne doit pas s'installer"L'enseignement de la Shoah est exemplaire en France. [...] Mais cet enseignement reste à défendre : plus que l'éloignement des survivants, plus que la lassitude ou le négationnisme, ce qui le menace, c'est le relativisme. [...] Le relativisme affaiblit le sens des mots, il permet tous les amalgames. Les Juifs en sont les cibles, comme si on voulait retourner contre eux la mémoire de la Shoah. La mystification est ignoble, elle pervertit le raisonnement.
Relativisme dans le cas Céline. Il a appelé à exterminer les Juifs mais il est proposé à la célébration nationale car ce qui importerait, dit-on, est qu'il était grand écrivain. Le général de Gaulle, lui, avait refusé la grâce de Brasillach justement parce qu'il écrivait bien. Il était donc plus responsable.
Le discours du Vel d'Hiv de 1995 interdit d'honorer Céline aujourd'hui. Ceux qui nous accusent de pressions communautaristes ont une vision déformée des valeurs de notre pays, ou une détestation telle des Juifs que tous les moyens sont bons pour l'exprimer. Qu'on lise Céline oui, qu'on l'étudie oui, mais qu'on le donne en exemple, non !"
Il rappelle les valeurs fondamentales de la République française qui sont celles qu'a toujours porté le Judaïsme en déclarant"Nous sommes hostiles au Front national qui, sous ses nouveaux habits, fait toujours du rejet de l'autre le filigrane de son discours. La lutte contre le racisme est notre lutte. Nous ne voulons pas que le mot islam remplace le mot juif dans les fantasmes de diabolisation. Nous voulons que les gens du voyage, français de longue date, bénéficient des mêmes papiers que tous les citoyens de notre pays. Nous ne voulons pas que la couleur de la peau soit autre chose qu'une variation de pigment cutané".
Il termina en disant"Il fut un temps où les Juifs disaient "Heureux comme D.ieu en France". Ma conviction, c'est que malgré nos inquiétudes, nous pouvons toujours le dire aujourd'hui".
En réponse à Richard Prasquier, le Président de la République, Nicolas Sarkozy rappela l'amitié de la France avec le Judaïsme qu'il reconnait comme constitutif de l'identité française, et avec l'État d'Israël.
Il a rappelé les racines juives de la France en disant"Si la France a des racines chrétiennes, elle a aussi des racines juives. La présence du Judaïsme est attestée en France avant même que la France ne soit la France, avant même qu'elle ne soit christianisée. (...) C'est ainsi qu'il existe en France des bains rituels juifs contemporains de nos églises romanes et des synagogues aussi ornées que des chapelles baroques. Oui le judaïsme fait partie des racines de la France et chaque Français, quelle que soit sa confession ou son origine, peut en être fier".
Il n'a pas oublié les persécutions dont a été victime le peuple juif en France en rappelant "Je n'oublie pas les expulsions, les spoliations, les conversions forcées, je n'oublie pas que la République qui avait émancipé les Juifs, condamna le capitaine Dreyfus aux travaux forcés pour ensuite reconnaître et annuler cette monstrueuse injustice. Je n'oublie pas la période sombre de la collaboration qui vit la loi mise au service d'une politique antisémite odieuse. Je n'oublie rien de tout cela, mais ma France, notre France n'est pas celle-là. Notre Histoire de France, c'est l'Histoire que nous avons construite ensemble, une Histoire qui nous est commune et que personne ne peut venir nous contester".
Puisse ce qu'ils ont dit ne pas être oublié et être vécu comme une réalité au quotidien.
Le discours de Nicolas Sarkozy :http://www.youtube.com/watch?v=lSgG-2lZ3d8
Seigneur, protège la France et Israël.