Etat chronique de poésie 1133

Publié le 16 février 2011 par Xavierlaine081

1133 

Sourde inquiétude et nuit d’insomnie 

Sommeil aux abonnés absents 

Rêves en perpétuels mouvements 

L’aurore te laisse hagard 

Doutant de la place à tenir 

Sous les projecteurs d’une journée 

Nous vivons l’heure où, pour se rassurer, hommes et femmes cherchent à simplifier le rapport à ce qu’ils sont. Alors on puise, aux données de la science, l’explication vitale, on croit détenir le point G, l’alpha et l’oméga d’une vie qui nous échappe. On cherche en de piètres résultats de quoi se convaincre d’une puissance inégalée. Omniscients et omnipotents mais farcis de pensées empruntées, on véhicule les plus indigentes théories, les plus mauvais calembours qu’un monde à l’agonie véhicule. 

Car on veut absolument comprendre, on veut résolument dire la raison de toute chose. Pour se faire on réduit l’Homme à ce qu’il n’est pas : une certitude. Que vaut encore de dire, dans le désert des pensées, que rien ne se réduit à rien, que la terre ne nous est que vaisseau d’adoption, que la vie ne nous est que prêtée ? C’est cracher en l’air, pisser dans un violon, perdre un temps infini en longues litanies de justifications toutes aussi stériles les unes que les autres. Car nous sommes improbables au sein de l’univers. 

Mes phrases meurent aussitôt prononcées. Dans une culture du zapping et du shopping, les mots qui invitent à d’autres itinéraires sont vains. On shoppe et on zappe. On se lave la cervelle à la lessive du commerce. On montre dents éclatantes pour mordre à pleine bouche dans un avenir côté en bourse. On se vend corps et âme au plus offrant. Pour être bien noté, il faut démontrer avec assurance l’immensité de son pouvoir. 

Que valent, dans ces circonstances, les phrases éternellement psalmodiées, soulignant notre fragilité ? Presque rien, sinon que, pour ne pas vous fâcher, on vous dira « poète », avant de refermer négligemment la porte sur les textes devenus inutiles. 

Vend ta gloire même si elle ne brille 

Qu’au provisoire d’une illusion 

Monnaye ton âme au plus offrant 

Montre ton opulence achetée à crédit 

Fi de l’improbable et de l’inattendu 

Cette source d’eau fraîche 

Où boivent les rêveurs 

Il te faut affirmer que tu sais, même si tu es convaincu de ne rien savoir. 

Tout est dans ta manière d’affirmer, non de prouver. 

L’Homme aurait-il besoin de preuves pour exister encore ? 

Vous cherchez à le faire rentrer dans la case des bonnes ou mauvaises attitudes. 

Votre prétention est immense de dire ce qu’il est dans la multiplication des colonnes chiffrées. 

En nous réduisant à des nombres, vous ne faites qu’abonder au sens démoniaque des solutions finales.

Vous êtes les bourreaux d’un monde qui nie l’humain dont il est le résultat, sciant du même coup, la branche de ses origines. 

La chute n’en sera que plus mortelle. 

Le pire est que vous entraînerez avec vous des milliers d’innocent. 

Ouvre tes lèvres 

S’il n’est pas encore trop tard 

Attrape le train des rêves

Assis au compartiment de l’indicible 

Boit jusqu’à l’ivresse 

Regarde 

Et goûte le silence 

Manosque, 11 janvier 2011

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