Lynn Flewelling s'était déjà illustrée dans l'écriture fantasy avec Le royaume de Tobin. Bragelonne réédite cette année une série méconnue de l'auteur, dans l'intrigue se déroule dans le même monde que celui de la reine Tamir, environ six cents ans après son avènement.
Quelque part dans le nord, le jeune Alec, récemment orphelin, se morfond dans sa geôle. L'adolescent, accusé à tord d'espionnage, pense vivre les derniers instants de sa courte vie, aussi, lorsqu'on lui amène un compagnon de cellule, il est loin de se douter que sa vie est sur le point de prendre un tournant bien romanesque. Car le nouveau prisonnier, Seregil, à la fois espion, voleur et courtisan, ne tarde pas à le faire évader et à lui offrir une place d'apprenti. A Alec de découvrir les intrigues de cour, l'art de l'escrime et de la politique !
Pour les lecteurs qu'avaient enchantés Lynn Flewelling avec sa série Le royaume de Tobin, et qui avaient été relativement déçus par la fin de la saga, Les maîtres de l'ombre est idéal. L'on retrouve tout ce qui avait séduit dans les aventures de Tobin : des intrigues complexes et politiques, un style fluide, des personnages variés et charismatiques, et l'élan qui faisait défaut aux deux derniers tomes de Tobin, ainsi que l'univers dans lequel l'auteur faisait déjà évoluer Tobin et Ki. Car ce premier tome a tout pour plaire et laisse présager d'une très bonne série de fantasy.
L'on assiste à l'apprentissage du jeune Alec qui, de jeune rustre illettré au grand coeur devient progressivement un espion avisé et expert, sous l'égide de Seregil, un noble aux multiples facettes qui s'avère rapidement le personnage le plus intéressant du roman. Charmant, brillant, un brin blagueur, Seregil intrigue et séduit. L'on devine un passé un peu mystérieux, une ascendance prestigieuse qui donnent envie d'en savoir davantage. La relation entre Seregil et son jeune apprenti est complexe et s'épanouit au fil des leurs aventures : à la fois maître et disciple, amis, frères, les deux comparses forment un duo assez attrayant. L'on se demande évidemment comment ça va évoluer, et cette relation n'est pas sans évoquer Tobin et Ki, ou même Fitz et le Fou, de Robin Hobb qui, par ailleurs, recommande cette série.
Autant vous le dire, ça se lit très bien, ça se dévore même. Les cinq cents et quelques pages permettent largement de développer plusieurs intrigues : l'on distingue deux grandes parties, la première jetant les bases de l'action et mettant en scène la rencontre de nos héros, ainsi qu'une première aventure, la seconde entrant pleinement dans le vif du sujet en mêlant trahisons, magie, faussaires et complots politiques, un cocktail gagnant. Un des atouts de cette saga est sans conteste la complexité et la vivacité du monde inventé par Lynn Flewelling qui parvient à dessiner en quelques centaines de pages un monde complet, avec son histoire, ses guerres, sa politique. Jamais le lecteur ne se sent perdu. Au contraire, il est toujours avide d'en savoir davantage. En ce qui me concerne, j'ai été conquise par ce premier tome, et compte bien lire la suite, parue en janvier 2011.
Je remercie vivement Livraddict ainsi que les éditions Bragelonne pour cette découverte très agréable.