Réplique au texte "Aristocratie élective et stabilité du système" : D'autres systèmes démocratiques existent que le parlementarisme.
Publié le 15 février 2011 par PlusnetLa lecture du texte “Aristocratie élective et stabilité du système“, publié sur le blog ChasseurDePuces, m’a incité à le partager ici avec vous, tout en y ajoutant mes propres réflexions personnelles. Il est simple de démontrer que nos démocraties parlementaires actuelles sont en fait des dictatures périodiques camouflées, surtout si le parti au pouvoir obtient la majorité des sièges. D’ailleurs, la plupart des ouvriers occidentaux n’ont obtenus le droit de vote qu’au milieu du 19e siècle. On avait alors ‘inventé’ les partis politiques, pour limiter les chances qu’un simple ouvrier gagne la direction de l’État national. La vérité est que la réelle démocratie n’est pas souhaitable pour nos élites locales et internationales. Au fil de l’Histoire, il leur a donc fallu ériger un système démocratique, mais élitiste. Cela est vrai à tous les paliers de gouvernances (municipal, provincial, mondial...). Imaginez un instant qu’il existe une organisation planétaire réellement démocratique. Vous ne pensez pas que les pays opprimés, majoritaires, imposeraient des “règles plus strictes” aux pays dominants, minoritaires? Le texte de Bernard Manin met habillement à jour les assises de notre système démocratique, qui se veut représentatif, mais de qui? Voici le texte en question tiré du blog ChasseurDePuces :
Manin expose l’idée que la procédure d’élection possède une ambiguïté intrinsèque. Cette procédure est simultanément et indéniablement démocratique et aristocratique. Démocratique parce que chaque vote de chaque citoyenNE a le même poids, mais aristocratique étant donné que les éluEs se doivent d’être différentEs et perçuEs comme supérieurEs aux votantEs.
Inégalité du mécanisme électif :
Analyse abstraite de quatre facteurs pour démontrer l’inégalité flagrante du mécanisme électif.
Préférence de personne : N’incite pas à élire des candidatEs selon leur mérite, mais selon des critères très arbitraires et personnels aux votantEs. Ce processus n’encourage pas l’égalité des chances contrairement au concours où les efforts, les actions ou les décisions des candidatEs seraient aussi tenus en compte.
Dynamique d’une situation de choix : Pour qu’unE candidatE soit préféréE à unE autre, il ou elle doit avoir une qualité appréciée par ses concitoyenNEs et rare chez les autres candidatEs. Les candidatEs se présentent donc parce qu’ils pensent qu’ils et elles peuvent être perçus comme supérieurEs à leurs concitoyenNEs sur certains aspects. Cette donnée est contraignante pour les candidatEs qui doivent faire certains choix et actions dans le but de se distinguer des autres candidatEs.
Contraintes cognitives : le relief des candidatEs est ce qui les différencie des votants ordinaires. Ce relief est contextuel, et les traits distinctifs choisis sont mis en lumière par la campagne électorale. Par contre celle-ci n’est pas un espace unique à la mise en valeur du relief, étant donné que certainEs candidatEs peuvent profiter d’un relief déjà connu par le public du fait de leurs relations sociales, politiques et économiques quotidiennes, qui correspond une campagne électorale permanente.
Coût de la diffusion : Aussi le seul aspect inégalitaire du mécanisme électoral pouvant être totalement éliminé. Par un financement public, les candidatEs n’ont pas à faire appel à la richesse des citoyenNEs pour se financer, donc n’ont pas à porter une attention particulière aux intérêts de ceux et celles qui les ont financéEs.
Par ces aspects, le mécanisme électif résulte en une aristocratie élective. Manin fait le choix du terme « aristocratie » pour des raisons historiques, mais explique que les élus sélectionnés ne sont pas nécessairement dans les élites existantes, parce que la supériorité des candidats est non seulement perçue, ce qui ne garantit pas l’excellence politique, mais qu’elle l’est dans un contexte donné. Ainsi, la nature même de l’élection résulte en la nomination d’individus qui sont différents des électeurs, différents et perçus comme supérieurs.
Stabilité :
Manin insiste sur le caractère ambigu de l’élection, ces deux facettes démocratique et aristocratique indissociables, et sur ce qui en résulte, la stabilité de l’institution. Cette dualité crée un accord stable autour de l’élection. Ainsi, les élites donnent leur approbation à un mécanisme qui leur réserve des fonctions représentatives et les citoyenNEs ordinaires donnent leur approbation à un mécanisme qui leur donne une voix égale dans l’arbitrage des élites pour les charges. En plus, la contrainte de distinction à laquelle sont soumis les candidatEs offre de la flexibilité et une certaine marge d’incertitude aux résultats des élections. Finalement, selon l’auteur, l’élection et le suffrage universel constituent un point d’équilibre argumentatif étant donné qu’en cas de protestation de puissants arguments peuvent être invoqués. Ça devient simple de rejeter la culpabilité des «mauvais choix électoraux» sur le vote que l’on critique l’aspect aristocratique ou radicalement démocratique de l’élection. Cette institution mixte permet donc la satisfaction des citoyenNEs et des élites, ce qui permet une stabilité du système.
La question à se poser maintenant est à qui profite cette stabilité? On sait que le capitalisme, par son développement, entraîne et accentue les déséquilibres sociaux. Nous en avions souligné quelques processus dans le texte "Pourquoi combattre le capitalisme : Ce que les libertariens et la droite refusent d'admettre".
Cela est vrai à l’intérieur d’une entreprise, d’un même pays, entre ses régions et même mondialement, entre les différents pays eux-mêmes. Si le système politique actuel ne favorise pas les débats citoyens ouverts, mais plutôt les échanges élitistes, on peut affirmer que notre système politique actuel favorise le statu-quo et donc la domination capitaliste. L’économie est en constante progression, mais alors qu’on assiste à des révolutions permanentes dans le domaine économique, la politique, elle, reste figée dans sa bureaucratie et son étapisme. Ainsi, nous pensons qu’il est primordial d’ériger un nouveau pouvoir politique citoyen, qui pourra substituer celui que nous avons présentement. Le nouveau pouvoir politique que nous construisons autour des principes libéral-égalitaristes sera légitime, représentatif, universellement applicable, mais surtout, par sa structure, actif et ouvert au débat citoyen.
Ce que nous proposons, c’est l’édification d’une instance politique de délégués révocables, semblable au gouvernement de la Commune de Paris (1871), mais amélioré, actualisé. Plus concrètement, nous proposons d’éliminer complètement les élections générales pour que les décisions soit prises par des délégués du peuple, qui seront à tout moment révocable. Ainsi, notre mouvement est totalement démocratique, car le peuple peut À TOUT MOMENT remplacer ses dirigeants s’ils ne sont pas en accord avec leurs décisions, contrairement aux dirigeants-dictateurs présents qui peuvent faire ce qu’ils veulent, jusqu’à la prochaine élection.
Concrètement, ce que nous proposons, c’est que chaque citoyen se regroupe par 25 et élisent un délégué révocable. Ainsi, lorsque 25 délégués se rencontreront, ils pourront à leur tout élire un ‘super-délégué’ et ainsi de suite. Tous les délégués de tous les paliers sont à tout moment révocables, donc l’appareil politique pyramidal est parfaitement représentatif et démocratique. Si on formait une telle instance citoyenne avec les 7.5 millions de Québécois, notre pyramide politique de délégués révocables serait constituée de seulement 4 paliers politiques et assurerait une proximité entre le citoyen et le pouvoir politique. Une telle organisation, en France, serait tout aussi légitime et serait constituée de 5 paliers politiques qui représenteraient les 65 millions de Français. Si on finit par réunir ainsi la totalité des 7 milliards de terriens en groupes de 25, nous pourrons former la première instance démocratique planétaire de l’Humanité, en seulement 6 paliers de gouvernance. De telles organisations encouragent évidemment l’ouverture et la participation, car les assemblées citoyennes ne sont composées que de 25 individus, qui se connaissent généralement bien puisque ce sont eux qui ont librement conçu leur propre comité de citoyen. Un tel système politique est l’application pure et simple de la logique humaine, pu de frime ni de froufrou, faites place au libre débat intellectuel et à l’activisme citoyen, bref, la demos cratos.