À première vue, Aleksandra (Nina Ivanisin) semble être une étudiante slovène de ce qu’il y a de plus ordinaire : la jeune femme a quitté sa province natale, minée par la pauvreté, le chômage et l’isolement pour s’installer dans la capitale et faire des études d’anglais qui, elle l’espère, lui permettront d’envisager son avenir plus sereinement. Mais à Ljubljana, Aleksandra mène en réalité une double vie qu’elle cache à ses amis et à sa famille, notamment à son père avec lequel elle est le plus proche. Connu sous le pseudonyme de « la fille slovène », Aleksandra se prostitue pour arrondir ses fins de mois et quitter définitivement la petite ville qui l’a vue grandir. Entre argent facile et proxénétisme latent, Aleksandra va progressivement sombrer dans une spirale infernale dont l’issue fatale paraît inéluctable.
À l’instar de Laura D., cette étudiante française occasionnellement prostituée, qui a raconté une histoire personnelle et semblable dans le livre Mes chères études, le premier long-métrage de Damjan Kozole décrit une réalité sordide d’un phénomène de société encore tabou aujourd’hui mais que l’on ne peut ignorer, celui de la prostitution étudiante. Sans concession, Slovenian Girl dépeint le portrait d’une génération grignotée par l’illusion du bonheur matérialiste et rongée par l’argent et sa nécessité d’en posséder pour survivre dans une société qui semble, elle aussi, avoir perdu ses repères. La force de ce long-métrage, au-delà de l’excellente interprétation de Nina Ivanisin, se trouve dans la finesse du réalisateur slovène de n’avoir pris aucune pincette pour dresser ce portrait d’étudiante égarée : son film est une critique violente, incisive et oppressante dont le réalisme des séquences et la froideur du visage d’Aleksandra nous glacent le sang.
Sortie en salles le 2 février 2011