Ce qu’il y a de chouette avec les socialistes, c’est qu’on les voit venir de loin. De très loin.
En revanche – et c’est là le truculent – c’est que, eux, ils ne nous voient pas venir. Du tout. Ni de loin. Ni de près.
Pourtant, ils devraient commencer à se douter d’un truc, ces « socialistes » .. C’est que, dites ! Ça fait quand même depuis 1995 qu’ils nous servent et jouent la même tambouille !
Tenez ! prenons ce … – comment dire ? – ... ce pacte (ou clause) de non-concurrence convenu entre Martine Aubry et Dominique Strauss-Kahn ... C’est cocasse, non ? Oh que si .. Parce que, sur le papier, ça donne quoi ?
Si Aubry est candidate aux Primaires, DSK ne le sera pas. Et si DSK l’était, Aubry ne le serait pas.
Merveilleux, non ! Ça, c’est de la camaraderie de compétition !
En vérité, ça ne se danse pas du tout comme ça.
Car tout dépend (donc unilatéralement), de la décision de DSK. Et non d’Aubry.
Or donc, le : « Si Aubry est candidate, DSK ne le sera pas » ça marche pas. Seul vaut : « Si DSK est candidat, Aubry ne le sera pas ».
Et alors ?
Eh bien alors, pas besoin d’être grand clerc pour deviner la suite du programme :
« Si DSK est élu président de la République, Aubry sera nommée Premier Ministre ».
Et il y a fort à parier, que l’inverse fonctionne.
Ce n’est donc pas un pacte de non-agression, mais un arrangement entre « bons amis ». En fait, il faut lire :
« Si tu es candidat(e), je serai ton (ta) Premier ministre ».
Voilà le contrat. Le « deal ».
Bon, je vous passe une autre possibilité, bien plus drôle encore :
« Si DSK n’est pas candidat alors … une bonne douzaine de socialistes (dont Pierre Moscovici et Gérard Collomb) le sera ».
Ce qui explique, dès lors, que nombre de barons et autres notââââbles – Ce qui, au passage, est un bon résumé du PS : un Parti de barons et de notâââââbles – font tout leur possible pour que « DSK y aille ». Sinon, c’est le merdier, la foire, le gros fight.
Vous me direz, oh ! mais c’est de la tambouille politicienne, de la tactique, après tout ça les regarde … Pas faux … Mais tout de même, ce qui saute aux yeux et assez violemment, c’est que cet arrangement entre Mme Aubry et M. Strauss-Kahn se fait sur le dos … des autres candidats potentiels. Une manière comme une autre de forcer le scrutin des Primaires.
Si j’osais, je dirais que nos deux compères ont décidé de bourrer les urnes avant, tant pendant, et l’on s’en souvient, ça eut posé quelques problèmes.
Oh, vrai, il n’y a rien d’illégal, ça est juste de la stratégie … N’empêche qu’elle soulève, et comment, une question que voici : et le projet, outre « 'Faisez' pas les cons, votez DSK (ou, si nous n’arrivons pas à le convaincre : Aubry) », c’est quoi donc ? Le projet pour le pays ? Où qu’il est, le projet, la substantifique moelle ?
J’ai cru comprendre – mais arrêtez-moi si je me trompe – qu’il était en cours d’écriture. Mais par qui ? … Aubry et son « équipe » ? … Cela semblerait logique puisqu’elle est Secrétaire générale du Parti … Notez que dans ce cas, c’est encore une incitation de plus à voter Aubry ou DSK. Vu que DSK et Aubry, c’est la même chose. Si ça n’était pas la même chose, ils n’auraient pas conclu cet arrangement ... De fait, pour quelles raisons étranges le « sympathisant de gauche » irait donner, en octobre prochain, son suffrage à une Royal, un Hollande (candidat non-déclaré pour le moment), un Montebourg ou un Valls ? Pour foutre la merde dans ce joli plan bien organisé par le duo DSK/Aubry ? Voilà qui ne serait pas très urbain, mon « sympathisant » !
Cela dit, s’il en avait l’intention, de mettre le boxon, on lui fait (déjà) comprendre qu’alors, il porterait l’entière responsabilité de la défaite de la gauche (en réalité : des socialistes – que « ces gens-là » soient gentils, et laissent la gauche à la gauche) aux présidentielles de 2012. Habilement, soi-dit en passant. En répétant qu’il faudra voter pour « le candidat le mieux placé ». Comprendre : celui qui a, dans les sondages, le plus de chances de battre Sarkozy.
Or, là aussi – pour le moment – les deux candidats « les mieux placés » sont : DSK et Aubry.
Avouez que ça commence à faire beaucoup. On pourrait même se demander pourquoi le PS organise des Primaires ? … Pour occuper l’espace médiatique ?
Nonobstant, cette histoire de « candidat le mieux placé » pose un autre problème.
Vous allez me dire que je suis naïf comme trois Jospin, mais le « sympathisant de gauche » n’aurait-il pas plutôt intérêt à voter pour … le « meilleur projet » ?
Oh, je comprends fort bien que le but (à peine caché) des socialistes soit de battre Sarkozy en 2012, qu’itou cela ferait super plaisir à tous ceux (de gauche ou pas) qui veulent le voir partir, mais de là à ce que ça devienne LE projet, c’est léger - mais je vais y revenir.
D’autre part, quitte à ce que ce soit une histoire de personne(s), ne vaudrait-il pas mieux voter pour la plus apte, la plus résistante (tant c’est un combat de tueurs, une présidentielle) la plus strong, celle qui déplacera la foule, la galvanisera, la conquerra, par son audace et sa fougue, plutôt que pour « la mieux placée » ? … Tant « le mieux placé » d’aujourd’hui peut être « le mal placé » de demain (ex : Royal, Jospin, Balladur, Barre, et même Giscard) en vertu du fait que, dès lors que la campagne est lancée, on voit le candidat à l’ouvrage. Et boum, patatras …
Qui plus est, compter sur le seul rejet de Sarkozy, ne sera pas suffisant.
En premier lieu, parce que cet homme est imprévisible, je veux dire qu’il est capable de tout (mais vraiment de tout !) y compris retourner la situation.
Et c’est là qu’on en revient au « projet ». Dont Sarkozy, remettant son titre en jeu [*], n’a pas à s’encombrer. Tout comme Mitterrand n’en avait pas besoin en 1988.
En revanche, les socialistes, en ont besoin, eux. Pour conquérir le pouvoir par le peuple.
Je sais, je sais, ils sont en train de l’écrire, de le peaufiner, sauf que, ça n’est pas un projet : ce n’est qu’une collection de propositions élaborées uniquement en réaction à la politique menée par le pouvoir en place. Un « projet en réaction », j’appelle ça ..
Eh bien ça ne sera pas suffisant, non plus.
Clairement oui, c’est un programme d’opposition (au sarkozysme) que nous proposent Aubry et DSK. Pas un projet pour la France. Ça manque d’imagination, d’idées, de souffle, d’innovations, de création, de jeunesse, de beauté, d’envies, de rêves même ... Bref, ça manque de tout, et a fortiori, de gauche… C’est triste et sans relief. C’est fait de rustines et de pansements.
Alors, on camoufle tout ça avec des Primaires fictives (puisque bien cadenassées, comme précédemment expliqué) ; avec cette histoire de « candidat le mieux placé » (les sondages faisant de plus en plus l'opinion et détricotant la réelle démocratie) ; l’inévitable « vous aussi, hein, vous n’avez pas envie de prendre 5 ans de plus avec Sarkozy » ; sans parler de cette vaste fumisterie de « vote utile » (qui est aux socialistes ce que la sécurité est à Sarkozy : un fond de commerce ; le même, celui de « la peur »).
Certes, on n’en peut plus de M. Sarkozy, mais quand même, le projet, c’est ..
Oh, mais le projet, on verra une fois sur place. Et puis, eh ! DSK, avec un boulot de président du FMI sur son CV, c’est pas l’assurance de s’en sortir, ça ? C’est pas un gage de sérieux ? ..
Peut-être (encore que ..) mais où qu’il est le socialisme dans votre packaging ? Où sont les idées de gauche ? Le souffle. Celui qui donne force et espoir.
Non, tout ça, c’est de la tambouille, de l’arrangement, de l’habillage : c’est Pepsi qu’on nous vend et vante pour, l’an prochain, battre Coca.
Et c’est moins un parti politique qu’une bande de zozos qui nous propose ce « deal ».
Les zozocialistes.
Ceusses qu’on voit venir de loin avec tout leur fric-frac politicien.
Mais qui, eux, sûrs de leur « produit », et confortablement installés dans leurs bureaux de barons, de notââââââbles, ne voient (encore) pas ce qui les attend : une déroute de plus.
[*] Oui, Nicolas Sarkozy sera candidat en 2012.
Comme dirait le candidat de 2017, le désopilant Jean-François Copé, « on va arrêter de se mentir », n’est-ce pas ..
On va surtout arrêter de prendre les français pour des benêts au carré avec des minauderies du style :
« Je sais pas, m’sieur Pujadas .. et puis vous savez, Président de la République, c’est un métier très difficile, mâme Ferrari … Mais bon, je me déciderai à l’automne.. » ..
A d’autres, ces salamalecs !
Car, si nous sommes passés du septennat au quinquennat, c’est justement pour permettre au président de « pouvoir faire » deux mandats consécutifs en vertu du fait que dix ans c’est moins pénible (pour le peuple) que quatorze. Et il faudrait vraiment un évènement d’une gravité extrême (haute trahison, par exemple) pour que le Président en exercice renonce à « remettre son titre en jeu ». Alors ça va, maintenant …