Petite histoire africaine - 2

Publié le 15 février 2011 par Angie21

Pour se rappeler de la première partie.

Nous montons dans la voiture, mon compagnon s'assied sur le siège avant et moi sur le siège arrière. Mais il tend sa main vers moi. Un geste simple mais c'est comme s'il avait besoin de redécouvrir cet endroit qu'il a tant aimé il y a 15 ans et qui est toujours dans son coeur, avec moi. Parfois, je me dis que ce contact devait le rassurer.

Les lumières et les nombreux néons de la ville commencent à défiler devant nos yeux. Mon nez est presque collé à la vitre. Je veux tout voir en même temps, je ne sais plus où regarder. A l'extérieur, c'est l'effervescence.

La nuit n'a pas découragé les vendeurs ambulants, au contraire. Le père, le frère ou le cousin prennent le relais, pour eux, la nuit va être longue.

Les petites boutiques où on peut trouver des trésors inespérés et incroyables resteront elles aussi ouvertes toute la nuit. Seules celles appartenant à des plus "fortunés" seront fermées.

La voiture s'arrête à un feu, tout autour, du monde, en vélo, des charrettes tirées par des ânes, de gros 4x4, des voitures qui n'existent plus en Europe mais qu'ici en Afrique, elles roulent - le moteur tient avec une simple ficelle, la portière est scotchée au reste de la voiture, mais tant que ça roule, on roule - à pieds ou encore en mobylette.

Parlons en de la mobylette, c'est le moyen de transport par excellence ici. Très souvent, ils sont deux ou trois dessus, le conducteur et sa belle assise derrière s'agrippant à son amoureux et leur bébé qui dort paisiblement.

Et puis, il y a de jeunes vendeurs de cartes téléphoniques et de très jeunes mendiants, et tout se monde cohabite ensemble, quelque soit l'heure du jour ou de la nuit.


Il y a tellement de choses à regarder que je ne sais plus où donner de la tête. J'ai tellement envie de graver en moi ce que je vois que tout se mélange. J'entends au loin des voix, je crois que les amis d'enfance sont en train de parler entre eux. La conversation est timide, ils s'apprivoisent à nouveau. Je suis émue, on dirait deux frères qui viennent d'apprendre l'existence de chacun, ils ont besoin de savoir qui est cet autre.

Les immeubles défilent devant mes yeux. Il y a ceux bien occidentaux, de gros buildings menaçants, des banques, des grosses compagnies et il y a la bâtisses africaines, locales, plus petites, elles sont presque toutes de couleur brique, elles sont faites en latérite. D'ailleurs, la latérite, ce n'est pas ce qui manque ici, il y en a partout, là où il n'y a plus d'asphalte, il y a de la latérite.

Des ministères en tous genres, des centres hôspitaliers, des garages, des compagnies locales, des restaurants. Toutes ces constructions s'entremêlent dans ce paysage pittoresque, impressionnant, particulier, différent. On dirait un puzzle où les pièces s'emboîtent à la perfection.

Au loin, un mâquis. On m'explique gentiment que c'est une petite échoppe où l'on peut acheter à manger, un genre de restaurant en plein air où l'on mange debout et où il n'y a que les sépacialités du pays. C'est propre à l'Afrique. Un endroit particulier où les africains se retouvent, parlent, rien, mangent et s'engueulent parfois.

J'ouvre la fenêtre pour sentir, pour m'imprégner de l'odeur. La chaleur se mêle à l'odeur des voitures, à la nourriture, c'est indéfinissible. Je ne peux pas dire si j'aime ou non. Mon compagon se retourne vers moi, il me sourit et me demande "ca va ?". Un large sourire apparaît sur mon visage, je lui réponds "oui".

Puis, la voiture tourne à gauche et devant nous se dresse une grille en fer rouge, en la voyant on devine aisément qu'à l'intérieur se trouve quelque chose, mais on ne sait pas quoi. Je suis toute fébrile, j'ai hâte de voir ce qu'il y a derrière cette grille. Un coup de claxon et les portes, telles un cézame, s'ouvrent. Un gardien en uniforme bleu roi nous salue.

La voiture s'immobilise. Nous sortons tous du véhicule. Trois gros chiens viennent nous saluer. Ils sont sensés protéger les lieux, ils y arrivent bien. Je suis un peu effrayée.

A l'intérieur de moi, il y a tellement de sensations différentes, tellement d'émotions, que je ne sais plus quoi ressentir, d'ailleurs j'ai l'impression de ne pouvoir rien ressentir à cet instant précis. Je veux découvrir les choses les unes après les autres.

La maison éclairée de l'intérieur nous tend ses bras, nous invite à y entrer. Puis, notre hôtesse nous salue. Mon compagnon la connaît, forcèment, ce sont aussi des amis d'enfance. J'ai l'impression d'être étrangère à tout cela. Comme si j'étais la pièce rapportée. Mais je découvre au fil des minutes qu'il n'en est rien, l'accueil est chaleureux comme si moi aussi j'avais fait partie de leur vie il y a de cela 15 ans.

Nous discutons de choses et d'autres, timidement, puis c'est l'heure d'aller se coucher. Nous découvrons l'endroit qui nous accueillera durant deux semaines. A peine passé le seuil, je m'y sens bien. L'atmosphère est bienveillante. Mon compagnon, lui vérifie les moustiquaires installées au fenêtre. Pas pour lui, mais pour moi car les moustiques m'adorent.

Je saute au plafond aussitôt que je vois une araignée aussi grande qu'une tête d'épingle. Les petites bêtes mangent pas les grosses, je le sais, mais en Afrique, les araignées et autres moustiques, il n'ont pas la taille d'une tête d'épingle. Ca va être l'enfer pour moi.

A suivre.

Photo personnelle : quelque part à Ouagadougou