Anthologie permanente : Anne Belin

Par Florence Trocmé

comment dit-elle on lit on rencontre des gens 
on passe dans des lieux inconnus des palais 
 
 
  livres livrés à nous versés là répandus dans 
les pages en brouillard en écharpes d’impri 
més mots 
 
tout explosés on sort de là désas 
semblés 
 
 
  c’est dur de trouver les raccords 
 
|•| 
 
parfois vite on ressort et on retrouve le pas de 
deux trois quatre 
 
 
  ça dépend comme on s’occupe 
 
 
parfois l’halluciné sa pensée le crible de petites 
choses traversantes genre 
 
 
  pourquoi maintenant 
je vois le monde ainsi en phrases penchées 
 
 
  qui tournent casaque au premier coup de feu 
 
|•| 
 
comment on lit dit-elle comment ça puise 
  fortement 
 
 
  suivre ces pas dans le potager 
jusqu’aux rangées de choux parti des Indes 
en début de phrase 
 
  et se laisser saisir par les 
extrémitiés d’une épingle dans un chignon l’our 
let d’une robe 
 
 
  des voiles levés par le vent 
 
|•| 
 
il faudrait s’arrêter tout le temps pour dire ça 
  y est j’ai compris mais impossible 
 
 
  car les feuilles 
parlent au-dessus du banc le vert remue ses frondes 
 
 
  la pensée s’éjecte d’une détente 
 
 
et bienheureux nous suivons nous suivons 
 
jusqu’au coup de gong enfin 
pour relever la tête et 
 
 
  trouver le monde en douceur 
 
 
Anne Belin, A distance des corps, La Dragonne, 2010, pp. 10 à 13 
 
 
Bio-bibliographie d’Anne Belin 
 
Sur ce livre, lire la note de lecture d’Antoine Emaz 
 
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