comment dit-elle on lit on rencontre des gens
on passe dans des lieux inconnus des palais
livres livrés à nous versés là répandus dans
les pages en brouillard en écharpes d’impri
més mots
tout explosés on sort de là désas
semblés
c’est dur de trouver les raccords
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parfois vite on ressort et on retrouve le pas de
deux trois quatre
ça dépend comme on s’occupe
parfois l’halluciné sa pensée le crible de petites
choses traversantes genre
pourquoi maintenant
je vois le monde ainsi en phrases penchées
qui tournent casaque au premier coup de feu
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comment on lit dit-elle comment ça puise
fortement
suivre ces pas dans le potager
jusqu’aux rangées de choux parti des Indes
en début de phrase
et se laisser saisir par les
extrémitiés d’une épingle dans un chignon l’our
let d’une robe
des voiles levés par le vent
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il faudrait s’arrêter tout le temps pour dire ça
y est j’ai compris mais impossible
car les feuilles
parlent au-dessus du banc le vert remue ses frondes
la pensée s’éjecte d’une détente
et bienheureux nous suivons nous suivons
jusqu’au coup de gong enfin
pour relever la tête et
trouver le monde en douceur
Anne Belin, A distance des corps, La Dragonne, 2010, pp. 10 à 13
Bio-bibliographie d’Anne Belin
Sur ce livre, lire la note de lecture d’Antoine Emaz
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