LE CABINET DE CURIOSITE DE CLEMENT LAFAILLE*
Le cabinet de curiosités de Clément Lafaille (1718-1782), a ouvert au public en 2008 avec un crocodile à son entrée pour vous souhaiter la bienvenue. Aujourd’hui, le fameux cabinet de curiosités est situé dans le Muséum d’Histoire Naturelle de la Rochelle dont l’un des attraits non négligeable est d’abriter le specimen naturalisé de la girafe Zarafa, donnée au roi Charles X, première girafe vivante ayant débarquée en France.
Si l’on fait un bond dans le passé jusqu’à l’époque de ce bon vieux Clément, c'est-à-dire il y a quelques siècles, l’information ne circulait pas encore en ligne et les grands voyageurs étaient peu nombreux. Les expéditions maritimes étaient l’occasion de ramener des carnets de dessins ainsi que des espèces inconnues en Europe (animaux, plantes, graines, etc).
Ces périodes de découvertes étaient exceptionnelles et les esprits curieux - savants, amateurs éclairés, dans la lignée des Encyclopédistes - n’hésitaient pas à regrouper leurs trouvailles inédites en un fameux “cabinet“. Les amis y venaient pour admirer les étrangetés que recèle le vaste monde ! Clément Lafaille, qui vivait à la Rochelle au XVIIIe siècle, fait partie de ces heureux possesseurs. Après des études de droit, il a été nommé contrôleur ordinaire des guerres, charge fondée en 1710 qui consistait à surveiller les intendants militaires et la façon dont ils utilisaient les sommes qui leur étaient allouées (dixit l’historien Jean Flouret). Cette tâche - qui ne devait pas être excitante - lui permet néanmoins de s’enrichir. Il peut alors s’adonner à ses passions que sont la conchyliologie, la botanique, la géologie et l’étude faunistique. Il correspond avec des érudits et ne dédaigne pas la peinture.
Membre de l’Académie royale de la Rochelle, il lègue ses collections renommées à cette docte assemblée, ainsi qu’un millier de livres et un médailler contenant de fort belles pièces.
La suite est un peu compliquée. L’exécution testamentaire est entravée par la Révolution et Clément Lafaille a la mauvaise idée de mourir à Paris. Pour les héritiers, les choses eussent été plus faciles s’il s’était trouvé à son domicile rochelais ! Après bien des péripéties, l’Académie (qui reprend ses activités en 1805) fait valoir ses droits auprès de la mairie.
Les vitrines, aux frontons sculptés, ont trouvé leur place et les meubles, commandés à un ébéniste de la capitale, n’ont pas pris une ride. Ils abritent coquillages, reptiles, oiseaux. Sans doute l’esprit de Clément Lafaille règne-t-il dans cette pièce intime que d’aucuns préféraient « dans son jus », c’est-à-dire un brin poussiéreuse, avant qu’elle ne fasse l’objet d’un aménagement soigné. Selon les spécialistes, « il s’agit du seul cabinet naturaliste du XVIIIe siècle conservé actuellement en France ».
En y pénétrant, on remonte le temps, quand la Rochelle était un port bruyant. On imagine Clément Lafaille écrivant ses fines observations sur l’environnement : les insectes qui attaquent la vigne, la limace testacée, la taupe, la pholade, coquillage connu sous le nom de “dail“ ou bien encore les pierres figurées du pays d’Aunis, les changements arrivés aux côtes de la Rochelle et les fossiles qu’on peut y trouver.
* Post réalisé sur la base de l'article du Blog de Nicole BERTIN. Merci à elle !