The Dears
Degeneration Street
Pheromone Recordings
Canada – Québec
Note : 7/10
par Mathieu Saint-Jean
Murray Lightburn est doté d’un certain talent pour les mélodies. Sur ce point, il n’a rien à envier à ses comparses montréalais (Arcade Fire, feu-Wolf Parade et Stars). Là où Lightburn semble avoir plus de difficultés depuis quelques parutions, c’est avec le rendu de son travail. On raconte que le groupe aurait pu travailler avec Nigel Godrich (Radiohead, Beck, Air, Pavement, Paul McCartney…) pour son cinquième opus, Degeneration Street. Pourtant, le groupe aurait plutôt choisi de faire confiance à l’oreille parfois douteuse du réalisateur américain Tony Hoffer. Un réalisateur, qui à travers les années, aura laissé sa marque sur quelques-uns des albums les plus décevants de certains de mes artistes favoris. Un triste liste d’albums peu inspirés : Air (10 000 Hz Legend), Beck (Guero) et Belle & Sebastian (The Life Poursuit). Pour ne nommer que ceux-là!
La question était maintenant de savoir si j’avais raison de m’en faire pour les Dears qui, eux aussi, venaient de traverser un passage à vide. Après avoir enregistré quelques albums avec des membres interchangeables, le groupe pouvait enfin compter sur un alignement qui pourrait ressentir un certain attachement face à ce nouveau défi. Degeneration Street marque le retour de trois de ses ex-membres, qui avaient déserté la dictature de Lightburn quelques années plus tôt.
A-t-on réussi à retrouver le son des premiers albums pour autant? En partie. Et je dirais même que le groupe a réussi à exploiter de nouvelles influences qui auraient intérêt à être plus approfondies sur les prochains enregistrements du groupe mélodramatique montréalais.
Le premier extrait de l’album, Omega Dog, demeure le meilleur exemple de ce niveau filon qui mériterait d’être amplement exploité dans le futur. Une composition assez sobre où on y découvre un Murray Lightburn qui délaisse ses airs de crooner déchiré afin de se laisser emporter par des élans plus soul. La réussite de l’album! On dénote le même genre d’inspirations sur Yesteryear, mais cette fois-ci, on s’y approprie le son si distinct popularisé par les artistes de Detroit à la fin des années 60.
À l’écoute de ses deux pièces, on avait toutes les raisons de s’exciter. Malheureusement, le groupe retombe assez rapidement dans sa zone de confort. Des envolées peu ressenties (et parfois trop exagérées) et des compositions surproduites. Le groupe aurait peut-être intérêt à prendre un moment afin de réécouter ses premiers enregistrements. Des albums qui étaient plus enregistrés que produits (faute de moyens probablement). Je continue de croire que le résultat qui en ressortait au final était plus à l’avantage de l’authenticité du groupe.
Malgré tous ces conseils (qui ne proviennent que d’un fan de musique parmi tant d’autres), il ne s’agit pas d’un mauvais album pour autant. Pour ma part, je vais continuer à écouter End of a Hollywood Bedtime Story (2000) et Orchestral Pop Noir Romantique (2001), lorsque l’envie me viendra d’entendre les Dears que j’aime. Cependant, la qualité d’écriture du groupe étant ce qu’elle est, ça demeure un album plus que potable!