Je suis un enfant de "Tron".
Comme bon nombre de quadragénaires j’ai découvert ébahi le long métrage de Steven Lisberger en 1982. J’avais 12 ans et ma vie de cinéphile a changé. Un choc cinématographique dans tous les sens du terme.
Malgré trois décennies, et même si certains effets spéciaux semblent historiquement datés, le film demeure une référence incontournable pour les fans, une œuvre décisive dans le parcours professionnel de nombreux cinéastes.
L’annonce de la mise en chantier d’un second opus a réveillé tous un tas de sensations profondément enfouies au plus profond de mon être.
Mon attente a duré des mois. J’ai eu largement le temps de vous proposer moult chroniques sur "Total Ciné" La flamme a été constamment entretenue.
Dimanche matin j’ai ENFIN vu "Tron : L’Héritage" réalisé par Joseph Kosinski.
Et digne héritier de son prestigieux devancier, "Tron : L'Héritage" est une œuvre de haute volée. Nous sommes au cœur d’un 7ème art populaire et divertissant.
"Tron : L’Héritage" est bien le film que j’espérais secrètement. C’est du bon et beau cinéma comme seuls savent le faire les américains. Un concept fort soutenu par des moyens conséquents, du temps (68 semaines de post-production), des créateurs de génie passionnés et appliqués.
Le film de 2010 mélange tradition et innovation. La volonté de lier les deux longs métrages est évidente. Nous retrouvons à l’écran les objets cultes et les moments mémorables qui ont fait la renommée du premier "Tron".
La présence des courses des motos de lumière et les combats au disque lumineux raisonnent comme des piqûres de rappel bien agréables.
A l’inverse "la grille", cette dimension virtuelle alternative, a été totalement repensée de A à Z. Graphiquement la démarcation est plus que tranchante. Le résultat laisse le spectateur béat d’admiration.
Commercialement parlant le souhait de s’adresser à la fois aux admirateurs de la première heure et aux nouvelles générations est on ne peut plus claire.
"Tron : L’Héritage" passionne par la qualité de son histoire. A chaque seconde le résultat surprend l’auditoire. La trame narrative, réduite à sa plus simple expression, s’attache à privilégier une ligne directrice d’une efficacité redoutable. Une présentation racée.
Le long métrage prend surtout son temps. L’entame, ancrée dans notre monde, n’a pas été sacrifiée sur l’autel du tout informatique. Nous appréhendons les tenants et les aboutissants d’une situation tangible et les enjeux de l’intrigue nous sont clairement exposés (qu’est devenu Kevin Flynn ? quel avenir pour son fils ?).
Le basculement de la réalité au monde numérique bénéficie d’un traitement opportun. La plongée au sein de la Grille créée par Kevin Flynn booste l’ensemble d’une manière incroyable. L’effet euphorisant agît sur tous les sens du spectateur.
Le rythme est vertigineux. Des séquences surréalistes se succèdent à une cadence effrénée. La scène des jeux dans l’arène de combat est un moment d’anthologie à elle tout seule. Les poursuites à motos sont endiablées. Les combats au disque sont homériques. Un vrai truc de dingues. Du mouvement, de la vitesse, des couleurs et des sons. Intense et jouissif.
Des instants essentiels et incontournables, issus de l’opus originel, constamment magnifiés, embellis pour atteindre des sommets. La mise en scène de Joseph Kosinski confine au spectaculaire. Le cocktail du metteur en scène est détonnant. On touche du doigt parfois l’expérimentation ultime.
Le long métrage collectionne des moments héroïques où la bravoure des protagonistes est mise à rude épreuve. Le spectateur peine à reprendre son souffle tant le niveau culmine.
Ne croyez surtout pas que "Tron : L'Héritage", merveille formelle absolue, est une coquille creuse sur le plan émotionnel. La rencontre avec Quorra (Olivia Wilde), la révélation sur l’existence puis le massacre des I.S.O, les relations père fils réservent aux spectateurs des moments passionnés et passionnants. Je ne vais pas vous affirmer que l’œuvre est un drame lyrique mais le tout technologique et la volonté de nous étourdir sur le plan de l’action ne signifient pas que l’ensemble mette de côté la réalité des âmes et des cœurs. Les créatures au cœur du monde de "Tron" ont quand même une certaine épaisseur.
La rencontre entre Kevin Flynn (Jeff Bridges) et son fils Sam (Garrett Hedlund) est l’un des rares moments où le film semble se poser quelque peu. Mais c’est pour repartir de plus belle.
Au cinéma j’ai très rarement eu cette sensation d’extase, de plaisir infini. La forme de "Tron : L’Héritage" est une merveille esthétique de tous les instants.
Graphiquement la beauté de "Tron : L’Héritage" est phénoménale. La grille foisonne de premiers et arrières plan bluffants. Les costumes, les lieux, les décors bénéficient d’ambiances recherchées et homogènes. Les palettes chromatiques définissent chaque camp. Dans un monde virtuel aux formes épurées, aux tonalités aseptisées, le bleu et l’orange se marient et s’opposent à la perfection.
Encore une fois, ça va vraiment devenir un leitmotiv, l’apport de la 3D est quasi négligeable. A aucun moment le spectateur ne ressent que "Tron : L'Héritage" déborde du cadre pour nous agresser en quelque sorte.
Le film prend tout son sens si on le considère comme une expérience cinématographique. "Tron : L’Héritage" atteint de sommets dans sa volonté de nous présenter un univers crédible à l’esthétique renversante. Les limites ne sont jamais franchies. Joseph Kosinski demeure à chaque instant cohérent dans sa démarche.
L’un des points forts du film est la bande originale absolument géniale concoctée par le groupe français Daft Punk. Les rythmes, les sonorités électroniques trouvent naturellement leur place dans "Tron : L’Héritage". Des thèmes pleins de démesure, de force, de finesse et de lyrisme. Les tempos majeurs adaptés aux trépidantes séquences d’action pure.
A titre d’information je vous signale que j’écris ces lignes alors que résonne dans mon casque la partition musicale du film. Quand je ferme les yeux, la grille apparaît.
Jeff Bridges est une fois de plus impeccable. Son Kevin Flynn a bien vieilli. Le personnage a gardé toute sa flamme malgré bien des années d’emprisonnement au cœur de sa propre création.
CLU son alter ego virtuel, l’une des réussites majeures du film sur le plan technologique, est une image "vivante" de la cruauté et de la sournoiserie.
Pas facile pour un jeune comédien de porter une partie d’un long métrage sur ses épaules et pourtant Garrett Hedlund s’en tire plutôt avec les honneurs. De la présence et du charisme. On ne lui en demandait pas plus.
Michael Sheen, véritable artiste aux mille visages, incarne un personnage plein d’emphase et de démesure. Son jeu séduit immanquablement.
Mais LA révélation de "Tron : l’Héritage" est Olivia Wilde. Je connaissais très peu cette actrice. Une importance capitale dans l’intrigue, un jeu subtil, un charme fou lui permettent de s’imposer à l’écran et de voler la vedette aux hommes. Et rarement il m’a été donné l’occasion d’admirer un aussi joli sourire.
"Tron : l’Héritage" est un long métrage où l’excellence est de mise. Un pur concentré de réussite technologique. Un pari audacieux gagné haut la main. A trente ans d’intervalle la franchise a trouvé un nouvel essor.
La magie opère toujours. Les sons et les images sont combinés de manière harmonieuse. L’osmose est parfaite.
A quand un troisième volet ?
J’ai tellement envie de retourner sur la grille.