La voiture pollue, consomme de l'essence. Une essence qui coûte cher et dont la ressource n'est pas inépuisable. Rien de nouveau en somme. Mais alors que la voiture électrique semble être au coeur de la recherche de l'industrie automobile, un débat fait rage sur l'un de ses carburants alternatifs, l'huile végétale. Les biocarburants sont pourtant tout à fait compatibles avec les voitures en circulation, et largement utilisés dans l'agriculture... Alors pourquoi laisser de côté ces carburants économiques et écologiques ? Tentative d'explication avec DailyConso.
Un peu d'histoire
Le biocarburant, et en particulier l'huile végétale, n'est pas une découverte récente, puisqu'au début des années 1890, l'idée d'utiliser ce combustible était avancée par Rudolf Diesel. L'inventeur du moteur Diesel était persuadé que l'huile végétale était un parfait combustible pour son moteur. Seul problème, cette dernière était extrêmement chère à l'époque. C'est pourquoi Rudolf Diesel se tourna vers un dérivé du pétrole, le gazole. Mais depuis, la tendance des prix s'est inversée. Et ses qualités environnementales et économiques ne sont plus à démontrer...
L'huile végétale, c'est quoi ?
Tout simplement l'huile issue des végétaux ! On parle alors d'huile végétale carburant (HVC), huile végétale pure (HVP) ou huile végétale brute (HVB). En Europe, elles sont essentiellement faites à partir de colza ou de tournesol, mais on en trouve faites à partir de mircroalgues, de palmes, d'amandes, de lin ou encore d'arachides. Toutes les huiles végétales et graisses animales peuvent être utilisées comme carburant, qu'elles soient issues d'une pression à froid ou non.
Il existe également une autre huile, qui peut être utilisée moyennant un traitement spécifique, l'huile de friture. Cette huile végétale usagée (HVU) est donc une autre source de carburants pour les moteurs.
Peut-on rouler avec de l'huile végétale ?
Techniquement, oui. Mais à la condition de posséder un moteur diesel, quelle que soit la marque de la voiture. Certaines marques et certains modèles demanderont l'installation d'un second réservoir (pour démarrer la voiture avec le gazole), d'autres encore imposeront le mélange de l'huile au gazole. L'huile végétale aura auparavant été décantée et filtrée pour ne pas abîmer le moteur. Certains moteurs nécessiteront une petite modification en fonction du type d'huile utilisé.
Ce que dit la loi
En France, l'utilisation de l'huile végétale est interdite. Du moins pour les véhicules de tourisme. Les véhicules agricoles, les pêcheurs et les collectivités territoriales sous protocoles ont, quant à eux, l'autorisation d'utiliser ce carburant.
Pourtant, la France est ainsi en totale contradiction avec une directive européenne de 2003 autorisant l'utilisation des biocarburants... C'est pourquoi certaines associations se sont engouffrées dans la faille, et soulignent l'effet immédiat de la directive européenne qui prévaut sur le droit français, et arguent du fait que l'État français ne pourrait se prévaloir de sa propre défaillance dans l'application d'une directive européenne pour poursuivre ses administrés.
L'huile végétale en question
Si en théorie il est possible de rouler avec de l'huile végétale, des voix s'élèvent cependant contre son utilisation.
L'huile végétale aurait selon ses défenseurs de nombreuses qualités. Elle est bien moins polluante, rejette beaucoup moins de CO2 et son coût est peu élevé. Côté moteur, elle possède des vertus lubrifiantes supérieures à celles du gazole, et sa combustion se fait à une température moindre, l'huile végétale diminue donc les émissions d'azote et de carbone.
Cependant, l'ADEME, l'Agence de l'Environnement et de la Maitrise se l'Énergie émet des réticences quand à l'utilisation de ce biocarburant. L'huile végétale aurait tendance à créer des dépôts dans le moteur du fait de sa viscosité. En outre, lorsque les températures se montrent extrêmement basses, l'huile végétale se fige bloquant ainsi le moteur. L'ADEME pointe également du doigt la pollution globale et réelle dégagée par l'utilisation de l'huile végétale, qui serait bien supérieure à l'utilisation du carburant classique. Enfin, une étude menée sur plusieurs années en Allemagne a démontré que les tracteurs fonctionnant avec ce type de carburant étaient victimes de problèmes mécaniques et de casses entraînant des réparations de plus de 15 000 euros.
En conclusion, l'État français interdit l'utilisation de l'huile végétale comme carburant, alors que l'Union Européenne l'autorise. Si il est peu probable que les pouvoirs publics viennent contrôler le contenu de votre réservoir, il faudra équiper votre voiture en conséquence avant de passer à l'huile végétale comme carburant... A moins de privilégier les "vrais" bio-carburants comme le bio-éthanol ou le bio-diesel, mis en avant par les constructeurs.