Le film se divise en trois actes.
La première partie décrit l'incarcération du jeune Davey Gillen dans la prison de Maze en Irlande du Nord.
Le nouveau détenu refuse de porter l'uniforme des prisonniers de droit commun.
C'est donc nu qu'il gagne l'aile réservée aux militants de l'IRA et la cellule qu'il partagera avec Gerry Campbell, condamné à douze ans de réclusion.
Ce dernier l'initie aux subtilités de la "Grève de la Couverture et de l'Hygiène" ("Blanket and No-Wash Protest") qui consiste à refuser de se laver et à porter pour seul vêtement une couverture.L'objectif est de mener une guerre symbolique contre l'autorité (de la prison, des forces occupantes britanniques) afin que le statut de prisonnier politique, et donc la légitimité de leur action de résistance, leur soit officiellement reconnue.
Les détenus organisent une tension permanente contre leurs geôliers : ils recouvrent les murs des cellule de leurs excréments et construisent des rigoles pour évacuer leur urine dans les couloirs.
Ils parviennent également à communiquer avec les responsables du parti en passant des messages lors des visites de leurs proches.
Un message est ainsi transmis à Bobby Sands, figure de l'IRA et leader des détenus politiques, qui lui demande de stopper le "Blanket Protest", jugé inopérant à faire plier l'administration Thatcher et contre-productif médiatiquement. C'est l'occasion d'ouvrir le second acte du film.
Dans un premier temps, Bobby Sands cède à contre-coeur à la demande de la hiérarchie.La direction de la prison propose aux prisonniers des uniformes ridicules.
Une émeute éclate et est violemment réprimée par les gardes. Retour à la case départ.
Bobby Sands s'entretient alors avec le père Dominic Moran et lui annonce qu'il s'apprête à entamer une nouvelle grève de la faim afin d'obtenir un statut à part pour les prisonniers politiques de l'IRA.S'ensuit une longue joute verbale entre les deux hommes sur la finalité de la démarche, son efficacité et le poids des conséquences.
La grève de la faim a bien lieu. C'est l'objet du troisième acte qui décrit la longue dégradation du corps de Bobby Sands, jusqu'à sa mort.
Mon avis :
Voici un film intéressant à bien des égards.
L'évocation du "Blanket Protest" et des conditions de détention des membres de l'IRA est instructif.
Le film dénonce fermement la position du gouvernement britannique : les extraits non commentés des discours inflexibles et méprisants de Thatcher, placés dans des moments de tension, sont particulièrement efficaces.
Néanmoins, le film ne bascule pas dans le manichéisme. Le sort des gardiens-tortionnaires, confrontés sur le terrain aux conséquences humaines d'une politique décidée en haut-lieu, semble tout aussi peu enviable (du moins sur le plan moral) que celui des détenus. La violence infligée aux prisonniers finit par les contaminer. Le film insiste notamment sur le parcours d'un gardien déshumanisé (le regard vide, consommant ses repas de façon automatisée), vivant dans la terreur permanente d'un attentat, les poings traumatisés par les coups, et qui finira exécuté par un partisan de l'IRA (comme beaucoup de ses homologues). A la fin du film, l'infirmier en charge de Bobby Sands est surveillé par un militant unioniste et fouillé comme le serait un détenu.
Le second acte, centré sur l'argumentation politique de la grève de la faim, et constitué par le long débat entre Bobby Sands et le prêtre, est moins convaincant et définitivement trop long.
Par contraste, dans le troisième mouvement, la parole est quasiment absente.
La dégradation du corps multiplie les références christiques et concentrationnaires.
D'une grande force, le dernier acte, qui revient à la démonstration par les symboles, finit par emporter l'adhésion.
L'interprétation, notamment de Michael Fassbender pour Bobby Sands, est remarquable.
Le film a remporté la Caméra d'Or au festival de Cannes 2008.
L'interview de Steve McQueen au Monde.
Film britannique de Steve McQueen avec Michael Fassbender, Liam Cunningham, Stuart Graham. (1 h 40.)