Pour un bidon d'eau qu'il rapporte en pleine nuit à un mourrant,la vie de Llewelyn va basculer... Sans oublier cette valise de billets, 2 Millions de dollars, qu'il a trouvée dans un parking au milieu de nulle part sous les arbres où tous les occupants des voitures (des pick-ups) avaient été massacrés, un vrai carnage. Seul un rescapé bien mal en point avait tenté de lui demander de l'eau, sans succès... Llewelyn aurait-il échappé à la traque si il était resté dans son lit, dans sa caravane avec sa femme, au lieu de retourner sur les lieux d'un crime qu'il n'a pas commis avec son bidon d'eau? Pendant ce temps, un certain Anton Chigurh tue pour le plaisir, première scène où on fait connaissance avec un Javier Bardem, coiffé d'une coupe au bol de moine, qui étrangle le policier qui l'escortait avec un râle de plaisir, le meurtre commis. Anton Chigurh tue aussi pour une simple contrariété, une question posée par un garagiste, un mot de trop. Fou furieux, Chigurh est empêtré dans des rituels de pile ou face, voire dans des délires de parole qu'il s'est donnée...
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Pendant que Llewelyn, le looser, qui croit avoir gagné au Loto, fuit dans tout le pays, du Texas au Mexique, avec la valise de billets qui pourrait le sortir enfin de sa médiocrité, le shérif, justicier fatigué, traîne sa lassitude à suivre Chigurh, le tueur exterminateur, qui recherche la valise. Le point faible de ce vétéran du Vietnam qui n'a peur de rien, pas même du tueur fou, c'est sa femme Carla-Jean, les rapports du couple sont assez touchants, bougons, complices.
Quel casting éblouissant, Javier Bardem est hallucinant, indescriptible, avec le calme des fous qui ne se rendent pas compte de leur folie, qui croient raisonner, fonctionner normalement, il n'est même pas antipathique, on est au delà de ça. C'est le sang-froid d'Anton Chigurh, son personnage de tueur psychotique, qui est bluffant, rien ne le pertube quand il tue, rien ne l'en dissuade, blessé à mort, il a l'idée de génie de mettre le feu à une voiture garée devant la pharmacie pour pouvoir voler des produits dans l'arrière-boutique pendant que tout le personnel se précipite sur le trottoir, affolé... Des idées comme ça, Chigurh n'en manque pas... Ni de moyens avec sa bouteille d'air comprimé à tuer les bovins qu'il utilise pour ouvrir les portes, voire pour tirer dans le front de ses interlocuteurs, une scène est particulièrement grotesque dans la monstruosité où Anton demande leur lampe de poche à deux hommes pour les voir quand il les abat.
Tommy Lee Jones dans le rôle de ce shérif déprimé, accablé par la violence de la société, dépassé, est remarquable, comme toujours, mais il a un second rôle, encore que ,si on le voit moins que les autres, c'est lui, le vieil homme qui ne reconnaît plus son pays, n'y trouve plus sa place, encore moins sa mission. Le shérif ouvre et ferme le film, cette fin du film beaucoup plus lente à qui on peut éventuellement reprocher quelques longueurs mais il s'agit plutôt d'une rupture de rythme. Les deux personnages principaux sont Anton Chigurh/Javier Bardem et Llewelyn/Josh Brolin. Personnellement, je ne connaissais pas cet acteur mais il largement est au niveau des deux autres, après un rôle pareil, les réalisateurs risquent de penser souvent à lui.
Le film comporte des moments fréquents de violence radicale, sans complaisance, ça se passe ainsi entre les trafiquants, les tueurs, lors des deals de came qui tournent mal. Certaines spectatrices sont sorties de la salle, quelques unes... On est prévenu quand on va voir ce genre de film, pour les personnes sensibles, on peut zapper deux trois passages mais c'est supportable! (rien à voir avec la violence extrême et sadique d'un film comme "Les Promesses de l'ombre").
Que puis-je ajouter? Le film est stupéfiant de réussite, tout est nickel, une vraie leçon de cinéma, beau début d'année, déjà "Lust, caution", à présent "No Country for old men", le cru 2008 démarre fort!
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