Dans le
face à face qui vient de l’opposer à Jean Luc Mélenchon, Marine Le Pen vient de confirmer ce que nous pensions de sa stratégie et de ses ambitions pour le parti de la droite extrême. Elle veut se
situer sur le terrain des ouvriers et du « petit peuple » contre la mondialisation libérale. Mais attention, non pas sur le terrain de classe, de la classe ouvrière. Elle reprend les vieux thèmes
du fascisme traditionnel en mettant en sourdine les vieux concepts du nationalisme français, tels que nous les avons décrits ultérieurement . Sa finalité n’est autre que la constitution d’un
Parti de masse et populaire. Elle est en rupture avec l’élitisme habituel du nationalisme français.
C’est
sur le ton caritatif qu’elle parle des ouvriers, puisque il appartiendrait à l’Etat de payer les cotisations patronales, afin d’augmenter les salaires. C’est du « gagnant, gagnant », vieille lune
des promesses des faisceaux prolétariens, qui dans une communauté d’intérêts ,patrons ouvriers d’une même nation. Les références de la droite extrême , encore et toujours avec la doctrine sociale
de l’église, les ouvriers , oui mais sans la lutte des classes, ou du moins sans la riposte ouvrière à la guerre sociale menée par la bourgeoisie contre eux. Marine Le Pen pense avoir la réponse
à la crise, la même que Bénito Mussolini, et qui lui permit d’accéder au pouvoir . Un Parti populaire, de masse, une petite bourgeoisie apeurée une aristocratie dégénérée et une bourgeoisie qui
accepte les offres de service. Et surtout, une gauche qui démissionne , incapable d’assumer sa fonction révolutionnaire. Le désenchantement populaire conduit au fascisme et certaines conditions
sont déjà remplies. Il lui reste à construire ce nouveau Parti et à trouver un écho à l’offre de service, du coté de la grande bourgeoisie et des milieux de la finance.
Il
reste toutefois quelques références du nationalisme, avec l’Europe et le retour au Franc, qui est plus à usage du bon peuple qu’une réalité puisque dans le même temps elle est favorable à la mise
en concurrence de la marchandise force de travail, qui justement tire les salaires vers le bas. Elle ne veut pas de smic européen, ni de limitation des hauts salaires pas plus que ceux des hauts
revenus . C’est l’usage de la droite extrême et du fascisme de remettre en cause le capitalisme et ses « constructions ». Ni capitalisme , ni marxisme, tel fut le fondement des faisceaux
prolétariens, enfin le fascisme a toujours dénoncé un capitalisme mou, sans autorité et il lui propose la sienne. Il reste un paradoxe, c’est celui de l’Europe et de sa construction. Le fascisme
a toujours voulu construire « son Europe » fondé sur la puissance et l’expansionnisme et au service de la classe dominante., ce qui ressemble à l’Europe actuelle sans la brutalité que
voulait lui conférer l’ancien fascisme. La position de Marine Le Pen sur la question européenne tient à rassurer les vieilles franges nationalistes du FN et à donner des gages sur la
continuité de son Parti au sein duquel il faut faire cohabiter plusieurs tendances de la droite française les plus réactionnaires.
Le choc
des civilisations, ce n’est pas un nouveau « truc », déjà prôné par le fascisme en termes militants. « La civilisation de la grande Rome et de son empire » face à toutes les autres civilisations
de « métèques » . Les valeurs de la « race » en Allemagne et l’Europe dominée par l’Allemagne aryenne et nazie , ou en Espagne avec « le pays sur lequel le soleil ne couche jamais ». La
défense de la civilisation occidentale et chrétienne, lieu commun du fascisme, nazisme et du national catholicisme. L’internationalisme n’étant pour eux que le produit de sociétés et de cerveaux
dégénérés, des « métèques » et des juifs, avec les qualificatifs que chacun connaît.
Le danger est bien réel pour les années à venir avec une gauche, qui dans un passé qui généra une telle ignominie, abandonne ses postulats de base et refuse de remettre en cause le système
, abandonne le terrain de la lutte des classes .
Curieusement le parallèle entre le nouveau discours de marine Le Pen et le fascisme, n’est jamais abordé par les médias, préférant des amalgames de mauvais goût, dont on sait quels intérêts cela
sert. Oui le FN prend un tournant bien plus inquiétant et certains s’en accommodent déjà parmi les médias