Les cadis réclament la réhabilitation de la justice musulmane supprimée, en 2010, dans le cadre du processus de la départementalisation de Mayotte.
Juges musulmans, les cadis rendaient justice depuis le XIXe siècle pour les Mahorais relevant du statut personnel de droit local.
Ile française, dans l'océan indien, peuplée majoritairement de musulmans, Mayotte deviendra le 101e département français à la fin du mois de mars prochain.
Le pacte pour cette départementalisation stipule que la justice cadiale ou justice musulmane est incompatible avec les principes républicains français.
Ce pacte a servi de base pour le référendum organisé en mars 2009 pour déterminer, une bonne fois pour toute, l'accession de Mayotte au statut de département de l'outre-mer français et son ancrage irréversible dans la république.
Les Mahorais, y compris les cadis, ont voté "oui au département" à 95 % au cours de cette consultation.
Aujourd'hui, les cadis se débattent, tant bien que mal, pour justifier ce qui s'apparente à un volte-face. "Après mûre réflexion, nous estimons que les dispositions du pacte pour la départementalisation portant sur la justice cadiale et le statut des cadis sont inappropriées à la société mahoraise, indique Oumar Ben Ibrahim, conseiller du grand cadi".
Les cadis contestent, également, leur nouveau statut qui les réduit, exclusivement, au rôle de médiateurs sociaux. "Nous ne sommes pas des médiateurs seulement et exigeons de retrouver nos prérogatives de juges, de notaires et d'autorités religieuses et morales pouvant intervenir pour calmer les gens et régler les conflits", ajoute Oumar ben Ibrahim.
Les cadis mettent aussi en garde les autorités contre une laïcité qui servirait d'écran de fumée pour saboter, selon leur expression, la religion musulmane à Mayotte.
"Nous redoutons une mauvaise laïcité qui consisterait à refuser, aux musulmans de Mayotte, la possibilité de maintenir les écoles coraniques, d'ouvrir des centres culturels et des instituts d'enseignement islamiques", ajoute le conseiller du grand cadi.
Les cadis font mention des textes adoptés par la France, l'Union européenne, l'ONU, la ligue arabe et l'Union africaine pour fustiger ce qu'ils qualifient de restrictions nombreuses à la liberté religieuse à Mayotte.
Ces textes invoquent la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, de pratiques et d'accomplissement des rites.
Le président du conseil général de Mayotte, Ahamed Attoumani Douchina, a invité les cadis à attendre l'ouverture d'un grand débat consensuel, sur ce dossier, après les élections cantonales de mars prochain et la constitution de la nouvelle assemblée unique (région, département) en avril 2011.
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Emmanuel Tusevo-Diasamvu , le 14/02/2011