la bête est passée

Par Richard Gonzalez

Theys, Isère, le 19 janvier 2008


L’heure où le bleu du ciel glace plus qu’il ne réconforte. L’heure où les sentiments s’ouvrent au désespoir d’aimer. La faim de joies l’a tenue tout le jour et maintenant c’est la peur du vide qui halète derrière le volet. Il n’y a que le silence qui frôle l’épaule, à peine, quand on voudrait qu’une main se pose. Ici, sur ce morceau de cœur froissé, sur cette chair écorchée par les simulacres d’amour, les échardes jalouses, le chardon des chagrins. La bête est passée, et sa fuite agite encore ses sommeils. Les nuits n’arrivent pas à changer de rêve ni les jours leurs habitudes forcées : demain, elle sera là, devant son écran, ses yeux un peu plus sombres guettant les mots qui clignotent et les chiffres entre parenthèses.