Sur la sécurité, la parole de Nicolas Sarkozy était attendue. Or, ce qui frappe, c'est d'abord que nous n'avons rien retenu de précis de l'intervention du Président de la République. Aucune proposition nouvelle n'a été avancée, à l'exception d'une énième modification du Code pénal... Ce qui frappe aussi et surtout, c'est un président qui reconnaît être en charge de la sécurité des Français depuis 2002 et qui mêle sans craindre la contradiction, constat d'échec et refus de toute responsabilité.
Coupé de la réalité, le Président reconnaît avoir échoué sur « seulement » deux points : la récidive des mineurs et le développement de ce qu'il nomme « l'hyperviolence »... Enfermé dans sa réalité, Nicolas Sarkozy énumère « ses » chiffres et évoque la statistique de la délinquance générale alors qu'il est interrogé par une personne, victime pour la 4ème fois d'un braquage à main armée...
Sur la justice, alors que manifestaient partout dans le pays, magistrats, personnels de la pénitentiaire, conseillers d'insertion, policiers, agents administratifs, unis dans une même réprobation de sa politique, Nicolas Sarkozy n'a eu aucune parole d'apaisement, n'a fait aucune proposition.
Confronté à un mouvement de contestation aussi large qu'inédit, il était pourtant de son devoir de retrouver son rôle constitutionnel de « garant des institutions ». Il a préféré de nouveau opposer ceux qui comprennent l'émotion des parents de victimes et ceux qui rendent la justice dans notre pays.
La seule proposition formulée hier soir fut celle d'associer à l'activité correctionnelle des jurés citoyens. Chaque année, on compte près de 550 000 décisions de tribunaux correctionnels. Cette proposition est donc irréaliste.
Le premier magistrat de France n'a pas été à la hauteur de l'enjeu.