L'ange hypnovel, de Françoise Clédat (par Fanny Gondran)

Par Florence Trocmé

L’ange Hypnovel de Françoise Clédat sorti chez Dernier Télégramme en septembre 2010 est un texte court d’une intensité  absolue. 
Il raconte de manière bouleversante comment « l’ange hypnovel » en quelques heures nocturnes lui  vole l’homme de sa vie. 
Elle ne cesse depuis quelques semaines  de suivre partout dans les espaces de soins divers l’amant atteint d’un cancer foudroyant. 
Veilleuse infinie... témoin  de tous les instants... épouse amante...  
car le corps à corps est là, possible encore..... 
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mes seins mes mains  
paumes doigts mes mains ta tête  
tes épaules 
si frêles devenues mes mains mes seins 
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ta voix ta tête 
comme tombée 
ta tête  
mes seins mes mains 
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Elle est tout cela à la fois- vigilante- éperdue- jusqu’à ce soir là où, elle ne comprend 
toujours pas pourquoi elle baisse la garde, cède à l’épuisement, à l’assurance enchantée 
de l’ange hypnovel, devenu soudain, le seul  maître de l’apaisement possible de la douleur. 
 
Etrangeté de cette expérience intime, qui dit la force et l’humilité d’un accompagnement ultime. 
Evidemment indicible mais Françoise Clédat grâce à une véritable scénographie du texte nous dit la violence complexe de la disparition définitive : 
 
préface relatant la posture de l’équipe médicale 
posologie de l’hypnovel 
puis la prose et poésie mêlées 
et la longue presque postface qui se clôt  presque ainsi: 
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  Ceci est un poème 
 
n’est pas un poème 
n’est pas un réquisitoire 
n’est pas un procès 
....... 
L’ange Hypnovel a « dragué »au même moment l’un et l’autre, séparant les amants pour toujours : lui sous la tutelle du produit, elle imaginant l’apaisement de sa douleur au point de perdre sa vigilance. 
 
Expérience  limite donc démesure à narrer ; mais la maîtrise extrême de la langue qu’elle fabrique depuis toujours permet à Françoise Clédat de se tenir encore ici, à l’épaule du verbe pour dire mieux que personne : 
l’indicible , l’incertitude, les degrés de la souffrance, le corps peu à peu torturé et la tragédie de la nuit/hypnovel. 
 
Le séquençage du texte est au diapason de ce qu’ils vivent ensemble aujourd’hui mais aussi  de toute leur histoire en train de se perdre. 
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Près de toi à côté de toi 
Près de moi à côté de moi 
 ....... 
Elle le raconte magnifiquement. 
Elle puise dans les formats  divers de l’écriture 
 (prose)(poème(posologie))(essai)( méditation)(citation) 
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« L’auriez –vous bercé dans vos bras madame, vous n’auriez pas calmé sa douleur
 » 
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sédatif  mon  amour tu veux 
oui 
oui ta voix 
 
absolu 
 
résiste au poème 
dont je fais 
poème 
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L’épouse/amante/poète/se tient là dans tous les champs/chants possibles du récit.   
Elle nous propose de savoir les arpenter. 
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Je n’ai pas mon corps l’ange de ta mort 
avoir été  
 
je n’ai pas mon corps ta mort l’avoir été 
........ 
Oui ce texte est un lieu/lien tragique et mystérieux que nous traversons avec une émotion extrême. 
 
 
Fanny Gondran