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La bulle obligataire de plus en plus menacée

Publié le 14 février 2011 par Lecriducontribuable
Le Figaro

Pour le troisième mois consécutif, en janvier, les fonds obligataires américains ont subi des sorties nettes de capitaux. On n’avait pas vu cela depuis plus de deux ans. L’exode de 23 milliards de dollars de sicav obligataires s’est traduit par un afflux de 16 milliards vers des fonds d’actions. Les fonds investis en titres obligataires émis par les États ou les collectivités (municipal bonds) sont particulièrement touchés. Mais la consolidation de l’optimisme quant à la croissance affecte l’ensemble du marché obligataire: la semaine dernière, le rendement des obligations à 10 ans du Trésor américain est d’ailleurs remonté au plus haut depuis avril. Le marché haussier qui dope les actions se nourrit bien d’un dégonflement de la bulle obligataire.

Ce retournement de tendance pourrait durer, car les besoins d’emprunt des États et surtout de l’État fédéral, restent énormes. Le déficit budgétaire fédéral en 2011 devrait atteindre 1500 milliards de dollars, soit encore près de 10% du produit intérieur brut (PIB) des États-Unis.

Ben Bernanke a déçu les républicains conservateurs la semaine dernière. Invité au Capitole pour donner son opinion sur l’urgence de la réduction du déficit, le patron de la Fed s’est comporté en démocrate. Il a souligné le danger de coupes trop fortes à court terme, tout en rappelant la nécessité de réductions durables et crédibles à long terme. Loin de s’alarmer de la hausse des rendements obligataires, il y voit le signe normal de l’accélération de la conjoncture. Ses critiques au Congrès y voient surtout le signe de l’échec de sa politique d’assouplissement quantitatif («Quantitative Easing», QE) qui consiste à racheter des obligations du Trésor sur le marché pour contenir la hausse des taux.

Et de là découle l’autre danger qui plane sur le marché obligataire: l’abandon probable du QE en juin, lorsque le programme de la Fed décidé en novembre aura atteint son terme. La disparition de la Fed comme acheteur sur le marché des émissions récentes de titres du Trésor peut accélérer la hausse des rendements au cours de l’été. En anticipation de cette perspective, la fièvre peut même se manifester dès le printemps.

Dans une économie américaine qui tourne à un rythme de plus de 3%, et alors que la hausse générale des cours des matières premières oblige de plus en plus d’entreprises à relever leurs prix, une petite poussée d’inflation serait le dernier élément nécessaire au tableau pour semer l’inquiétude dans les rangs des investisseurs qui ont cru être prudents et limiter leurs risques en abandonnant les actions à partir de 2008 pour se réfugier dans les titres d’État.

Pierre-Yves Dugua

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