Arrivé sur place il va retrouver, comme par hasard, son ex-femme et son nouveau compagnon, un juge médiatisé bien connu pour son incorruptibilité, ainsi qu'un ancien camarade d'enfance avec lequel il a, disons, certaines dettes morales...Et la morale, il en sera beaucoup question lorsque Juanito va commencer à s'interroger sur son métier et la façon dont il va pouvoir sauver sa famille du désastre annoncé.
Dans un style très différent de son premier roman publié en français (Aller simple), Carlos Salem, joue ici avec les codes du polar pour nous entraîner sur les chemins parfois sinueux de la morale individuelle ; il pousse loin la réflexion sur la condition humaine et sur la condition de tueur qui, bien entendu ne doit pas être considérée comme une condition ordinaire.
On sent poindre des regrets chez le narrateur, certes tardifs, mais tout de même des regrets, même s'ils ne sont pas forcément formulés en tant que tel, sur un choix de vie dont la motivation première était d'échapper à la banalité.
Toute vie étant préférable à une vie ordinaire, Carlos Salem ne nous rend pas pour autant son tueur sympathique – un tueur reste tout de même un tueur –, mais il nous le rend compréhensible, ce qui n'excuse en rien l'immoralité de sa profession. Un polar mené de main de maître, remarquablement traduit, et qui tient le lecteur en haleine d'un bout à l'autre.
Gilles Moraton
Nager sans se mouiller, Carlos Salem, traduit de l'espagnol par Danielle Schramm, Actes Sud (actes noirs), 230 p.