La vieille robe de chambre de Diderot

Par Benard

Chantal Guy
La Presse

Aucune drogue n'est «mauvaise», c'est l'humain qui l'est et il ne sait jamais laquelle lui révélera ses failles les plus intimes. J'aborde avec la même philosophie toutes les technologies que j'ai vues déferler en une trentaine d'années. Contre le progrès? Jamais. Contre moi? Tout le temps. On m'a prêté l'iPad. J'ai aimé l'iPad. Je me suis moins aimée en l'aimant.

Pendant plusieurs jours, j'ai sombré dans son univers sous prétexte de l'explorer afin de mieux «cerner l'avenir des médias». Belle excuse. Au bout du compte, mes dépendances ordinaires ont été confortées, puisqu'elles pouvaient être trimballées de mon divan à mon lit. Si bien que mon amoureux, jaloux de voir mes doigts flatter inlassablement l'écran, a fini par me dire: «Tu ne m'as jamais caressé aussi longtemps que ton iPad

C'est dur à entendre quand on est rendu au niveau 19 du chapitre 3 d'Angry Birds. On pense à Lamartine: objets inanimés, avez-vous donc une âme, qui s'attache à notre âme et à la force d'aimer?

Pour la forme, il fallait bien aller voir ce que l'iPad offre à la littérature. Après tout, on annonce une révolution dans le monde du livre. Il ne faut pas beaucoup de clics pour se rendre compte que les francophones sont en retard sur les anglophones dans la course au livre numérique.

Avec l'application Kobo, on vous introduit gentiment avec des classiques commePride & Prejudicede Jane Austen ouDraculade Bram Stoker, mais dès la première page, des icônes vous proposent de partager la découverte des lieux du roman sur Facebook, d'adhérer à un club de lecture, etc. Ce n'est pas tant le livre «traditionnel» qui est ici touché que la lecture «traditionnelle».

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