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Art contemporain au pays des volcans

Publié le 09 février 2011 par Peregrinationsculturelles

Une expérience particulière, voilà ce que nous propose l’exposition Passeurs réalisée par la plasticienne Brigitte Batteux au musée Bargoin de Clermont-Ferrand. L’artiste a créé quatre installations et six sculptures spécialement conçues pour les salles du musée, et en lien avec ses collections à la fois archéologiques et textiles.

Art contemporain au pays des volcans

Un voyage initiatique

Etrange sensation tout d’abord lorsqu’on arrive au 1er étage, point de départ de la visite.

Face au visiteur, un arbre ou plutôt un tronc d’arbre, recouvert d’une couleur rouge très vive, aux racines impressionnantes qui semblent littéralement s’ancrer dans le sol. En levant la tête, on remarque que l’arbre est suspendu dans le vide, coupé en plusieurs parties et ceci sur plusieurs mètres de haut. L’artiste voit dans cet arbre « le témoin silencieux et révélateur de la trace de l’homme ». Ce qui frappe avant tout, c’est l’envergure de l’installation, elle appelle le public à la réflexion.

Un étage plus haut, nous voilà devant trois têtes de femmes, apposées sur le mur tel des trophées. Ces trois femmes sont les annonciatrices de l’installation suivante. Même avec le livret de visite distribué à l’accueil, difficile d’en comprendre le sens. Un bruit sourd et régulier intrigue et attire vers la suite du parcours.

L’« Origine » se trouve dans une petite salle entièrement plongée dans le noir. C’est d’une sorte de boule d’organza, placée au milieu de l’espace, qu’émane le bruit entendu auparavant, il évoque un battement de cœur. Une lumière changeante et vacillante s’en échappe. Cette installation saisissante renvoie à l’origine du monde, ou éventuellement à la naissance d’un enfant.

On poursuit en pénétrant dans « l’espace-temps ». La vaste salle est elle aussi plongée dans le noir et constellée d’aiguilles géantes (2,20m) reliées entre elles par un fil de cheveux naturels. Il n’y a plus de repères, une sensation dérangeante traverse le visiteur, l’impression que l’on pourrait se perdre dans cet espace hors du temps.

Art contemporain au pays des volcans

Suite et fin avec l’étape du « rituel ». Après la vie, la mort. L’artiste fait référence à un rituel funéraire gaulois en plaçant sur les murs des lances recourbées en tissus rouge, envahissant presque tout l’espace. Un masque de Nouvelle-Calédonie issu des collections du musée accompagne ce rituel. La boucle est bouclée.

Les sens sans dessus dessous !

On sort de la visite dans un état étrange. Et n’est-ce pas là le but de toute œuvre d’art : créer une émotion chez son spectateur ? Cet objectif est atteint sans conteste : cette exposition ne laisse pas indifférent, elle questionne, procure des émotions voire dérange.

Néanmoins, le ressenti pendant la visite n’est pas réellement agréable, voire gênant. Le livre d’or illustre bien cela, les remarques des visiteurs sont positives dans l’ensemble, mais c’est l’idée de mort qui ressort souvent.

En lisant le document d’aide à la visite, on peut avoir le sentiment désagréable d’être passé à côté des significations des œuvres. Les textes (très courts) ne fournissent pas vraiment d’explications mais plutôt des évocations, des pistes de réflexions. On peut ainsi se sentir perdu et déplorer un manque d’explications plus concrètes, mais si l’on prend les choses autrement, on peut penser que l’artiste a choisi de laisser une liberté au visiteur. Le public est appelé à se laisser aller à ses ressentis et à trouver ses propres interprétations. Ici, le discours n’est donc pas totalement imposé par l’institution et l’artiste, ce qui change de certaines expositions temporaires.

Pour finir, laissons la parole à Brigitte Batteux : « La mythologie individuelle ne sert-elle pas de fondement à la pensée universelle ? »

Les + :

  • Création d’une ambiance, exposition d’art contemporain qui s’intègre assez bien dans les thématiques du musée. Exposition qui touche le visiteur.

Les - :

  • Un discours parfois difficile à percevoir, même avec le livret de visite.

Renseignements pratiques:

Exposition « Passeurs » du 1er décembre 2010 au 20 mars 2011 au Musée Bargoin, 45 rue Ballainvilliers à Clermont-Ferrand.

Tarifs : 5€/ 3€/ gratuit pour les moins de 18 ans et les étudiants.

Pour en savoir plus :

www.clermont-ferrand.fr/musees

www.brigitte.batteux.free.fr

Par An.B.


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