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Pour solde de tout compte

Publié le 14 février 2011 par Toulouseweb
Pour solde de tout compteLa page est tournée, la récession fait résolument partie du passé.
Un ultime coup d’œil dans le rétroviseur est justifié, ne serait-ce que pour asseoir les points de repčre qui seront indispensables pour mieux apprécier la reprise et confirmer que le transport aérien est maintenant apaisé. Cela en rappelant une fois de plus que le secteur est profondément cyclique, exposé aux conséquences démesurées de tout incident conjoncturel et constamment ŕ la merci d’une fragilité structurelle congénitale. De plus, les compagnies aériennes affichent d’étonnantes réticences ŕ prendre en compte l’augmentation de leurs coűts, ŕ commencer par le renchérissement du pétrole.
En procédant ŕ un survol de l’année 2010, voici qu’apparaît mieux, avec un recul pourtant limité, une illustration caricaturale de ces faiblesses. En huit mois ŕ peine, d’avril ŕ décembre, les événements contrastés qui se sont déroulés sous nos yeux ont montré que le transport aérien ne se compare ŕ aucun autre. On est tenté d’ajouter : heureusement pour les autres !
La conjoncture mondiale s’est redressée, au terme d’un passage ŕ vide qui a duré deux ans, ŕ l’origine de tous les maux. La croissance a été cassée, les affres de la surcapacité se sont manifestées et, ceci expliquant cela, sur la plupart des réseaux, la recette unitaire a reculé. Puis l’horizon s’est éclairci, un optimisme prudent est apparu, de maničres contrastées selon les régions du monde. Et il est apparu que l’Europe a souffert plus que d’autres régions, pour des raisons que nul ne pouvait maîtriser.
Ce fut tout d’abord l’éruption volcanique survenue en Islande, imprévue bien sűr, ŕ l’origine d’une situation de crise d’une complexité sans précédent, qui plus est mal gérée, tous les acteurs étant dépassés par les événements et incapables de réagir avec la célérité requise. D’oů l’application pusillanime d’un principe de précaution aveugle qui a coűté trčs cher en allant au-delŕ du nécessaire. Puis est survenu, en décembre, un Ťépisode neigeuxť tragi-comique ŕ l’origine d’une belle panique.
Les groupements professionnels, l’IATA en tęte, ont dénoncé avec violence les conséquences dommageables de cet incident météorologique, montrant du doigt quelques grands aéroports, fautifs, boucs émissaires ou les deux. Comme tous les hivers, de tels incidents ont gęné tout le monde, et pas seulement en Europe. Ainsi, sur la côte est des Etats-Unis, les compagnies et leurs clients ont également beaucoup souffert mais avec philosophie, sinon fatalisme. Les Européens, eux, ont opté pour la polémique, bien inutile dans la mesure oů elle est déjŕ oubliée. Seuls les comptables en conservent la trace, statistiques de trafic ŕ l’appui.
Mieux vaut retenir les chiffres du redressement ŕ l’échelle mondiale, voire du nouveau départ. Le bilan final d’ID Aéro confirme que le trafic a progressé de 6,7% (l’OACI dit 6,3%), l’offre étant diminuée de 3,4% (un exploit) et le coefficient moyen d’occupation remontant de prčs de deux points et demi ŕ 79%. En isolant le trafic international, on constate qu’il a augmenté de 7,4%, un taux remarquable, destiné ŕ se tasser dčs 2011 et 2012, aussitôt terminée la phase de rattrapage. Suivra une période plus tranquille, prévoit l’OACI, avec une croissance moyenne du trafic de l’ordre de 5%, largement satisfaisante.
Malgré le volcan et la neige, l’Europe a bénéficié d’un redressement convenable, encore qu’inférieur ŕ la moyenne mondiale : la progression, a calculé ID Aéro, y a été limitée ŕ 3,6%. En avril, dans un décor de nuages de cendres, les sičges/kilomčtres s’étaient effondrés de 9,4%. En décembre, sous un ciel de neige lourd de menaces, le recul avait atteint 11,3%.
Les statistiques désormais complčtes confirment aussi que le transport aérien a fait preuve d’une bonne réactivité. Mais il est moins difficile de s’adapter ŕ des turbulences conjoncturelles qu’ŕ contrer un volcan ou ŕ dépendre du dieu hivernal Glycol. Reste ŕ admettre l’évidence : l’épreuve fut rude, la bataille se déroulant sur plusieurs fronts. Mais un secteur d’activité résolument mondial ne pouvait décemment pas sortir totalement indemne de ces difficultés. Il conviendrait d’avoir la décence de le reconnaître et, ensuite, de tourner la page, une fois pour toutes.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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