Plan Climat : la CUB au pied du mur

Cette fois, l’heure est au passage à l’acte. Après une longue concertation, la Cub a adopté vendredi un Plan Climat énergie particulièrement ambitieux.

Pour contribuer à l’effort collectif de lutte contre le changement climatique, elle s’est fixée comme objectif de réduire de 25 à 30% les émissions de gaz à effet de serre sur son territoire à l’horizon 2020 et à les diviser par quatre d’ici 2050. «Nous n’avons pas le choix, il faut être à la hauteur des enjeux environnementaux, économiques et sociaux», a expliqué Laure Curvale (Europe-écologie), vice-présidente de la CUB en charge de l’élaboration du plan. Celui-ci se décline en quatre grandes priorités : une nouvelle logique d’aménagement du territoire et d’urbanisme pour notamment limiter l’étalement urbain ; une évolution des modes de déplacement avec la promotion de modes plus sobres ; une réduction significative de la consommation d’énergie et un développement des énergies renouvelables (bois-énergie et géothermie en particulier). Au-delà des déclarations d’intention, le Plan Climat adopté vendredi se décline en 42 «fiches-actions» qui listent les mesures à prendre pour le traduire dans les faits.
Des aides à la rénovation
Le diagnostic réalisé pour élaborer ce plan est très clair : les deux sources principales d’émissions de gaz à effet de serre sur le territoire de la Cub sont les transports (26%) et le bâti résidentiel et tertiaire (27%). Autant que la voiture, nos bâtiments mal construits et mal isolés sont donc pointés du doigt. «Pour atteindre nos objectifs, il faudra atteindre un rythme de rénovation d’environ 9000 logements chaque année», précise Laure Curvale. Pour convaincre les propriétaires d’investir, la collectivité a donc prévu de déployer tout un arsenal d’aides et de mesures incitatives. Elles s’adresseront aux propriétaires, aux bailleurs mais aussi aux copropriétés.

Des déplacements à revoir
L’autre volet majeur concerne, sans surprise, les déplacements. C’est celui qui a suscité le plus de débat en séance vendredi, même si le Plan lui-même a été approuvé à l’unanimité. La voiture, qui représentait en 2009 59% des déplacements sur l’agglo, ne devra plus dépasser les 45% en 2020, 33% en 2050. «On rêve !» a réagi Christophe Duprat, maire de Saint-Aubin de Médoc, jugeant que l’éloignement des communes périphériques était trop peu pris en compte. Le Saint-médardais Jacques Mangon partage son avis. «Quand la seule solution pour aller en ville c’est un bus qui met 1h15, on ne peut pas demander aux gens d’abandonner leur voiture», a-t-il dit. La mise à l’étude d’un éventuel péage urbain a aussi divisé l’hémicycle. «De toute façon, nous allons devoir assumer une certaine impopularité, a estimé le président de la CUB Vincent Feltesse. Car la manière de faire la ville va devoir changer. Nous avons peut-être mangé notre pain blanc quand il s’agissait d’annoncer l’arrivée du tramway dans les communes, maintenant il va falloir manger notre pain noir. Mais nous avons une responsabilité importante sur cette question». La CUB prévoit de consacrer chaque année 1% de son budget à la mise en oeuvre du plan, mais la feuille de route tracée par celui-ci va clairement impacter un grand nombre des décisions qui seront prises désormais.•      Sophie Lemaire