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L’amour de Dieu (1)

Par Memoiredeurope @echternach

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On ne choisit pas toujours la date. Ou plutôt, c’est le hasard qui choisit. Mais parler d’amour au tournant de la Saint Valentin, de surcroît d’amour de Dieu, reste du domaine des mots clefs qui se promènent dans l’espace subliminal et font surface comme des bulles sur la surface de l’eau. 

Il faut parler d’amour ! Au moins une fois par an. Et pour un agnostique, parler des sentiments souvent confus que les hommes partagent à propos des frontières entre l’amour charnel et l’amour spirituel, relève de l’exercice de virtuosité. Et pourtant !Deux livres m’ont accompagné sur le chemin de Rome. Je n’ai pas dit le chemin de pèlerinage à Rome, même si le thème de la Via Francigena amenait à évoquer les pèlerins et leur accueil ce samedi dans les salles du Parlement européen de la capitale italienne.

Le premier, « Caïn » de José Saramango déclanche le sourire plus souvent qu’à son heure. Le second, « Louise Amour » de Christian Bobin s’immisce dans la fente étroite entre la terrestre attitude des corps et l’adoration de leur aura. Il vire au drame, mais accumule les pétales de rose sur le chemin du Christ souffrant.

Aimer Dieu, comme un rendez-vous indispensable, était certainement le sort de Saramango, ou plutôt son destin. Ce livre là, qui comble un vide dans le petit monde littéraire dont je m’entoure, ouvrira sans aucun doute d’autres lectures vers l’auteur portugais que j’ignorais malgré sa notoriété mondiale. 

Il montre que si nous ne raisonnons pas avec Dieu, Dieu sera vite mort et que le gagnant des joutes oratoires n’est pas inéluctablement celui qui sait tout, mais celui qui se dresse et se redresse contre les jeux divins.

Un jeu : celui de soumettre Adam et Eve à la tentation, celui de dresser Caïn contre Abel, de soumettre Job à l’épreuve définitive de la pauvreté, de mettre en marche le bras d’Abraham, ou celui de détruire Sodome et Gomorrhe et de noyer la terre pour en renouveler l’espèce humaine par une nouvelle génération issue de Noé ?

Saramango profite du fait que le signe placé sur la tête de Caïn le protègera toujours…jusqu’aujourd’hui et au-delà. Il en fera un raisonneur, un éternel, un chanceux et un contradicteur, un amoureux et un procréateur.

Avons-nous Dieu devant nous, ou tous les dictateurs du monde ? En ce moment de l’histoire, la parabole est d’autant plus forte.

Ce livre est-il un bréviaire d’incroyance, ou de révolte ?Qui saura arrêter le bras d’Abraham qui suit aveuglément ce qu’on lui a commandé : l’ange, qui arrive toujours en retard ou Caïn l’assassin qui voyage dans le temps pour éviter parfois les catastrophes des hommes et parfois les déplorer faute d’y pouvoir rien faire ?

Lorsque Caïn se retrouve seul, devant les animaux qui sortent de l’arche, ayant assassiné toute la famille de Noé, il n’offre d’autre choix à Dieu que de contempler le désastre d’une humanité disparue à la suite d’un caprice et d’un mauvais calcul. 

« Le jour devait venir où quelqu’un te placerait devant ton vrai visage. Alors, la nouvelle humanité que j’avais annoncée, Il y en a eu une, il n’y en aura pas d’autre et personne ne la regrettera, Tu es caïn, le méchant, l’infâme meurtrier de ton propre frère, Pas aussi méchant et infâme que toi, rappelle-toi les enfants de sodome.

Un grand silence se fit. Puis caïn dit, Maintenant tu peux me tuer. Je ne peux pas, dieu ne revient pas sur sa parole, tu mourras de mort naturelle abandonné et les oiseaux de proie viendront dévorer ta chair, Oui après toi, tu m’auras d’abord dévoré l’esprit. La réponse de dieu ne fut pas entendue, la réplique suivante de caïn se perdit aussi, le plus logique c’est qu’ils aient argumenté l’un contre l’autre encore souvent, tout ce que l’on sait de science certaine c’est qu’ils ont continué à discuter et qu’ils discutent toujours ».

Et ainsi de l’homme libre…d’Egypte, de Tunisie et bientôt d’ailleurs.

A suivre…

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