Titre : Long John Silver, T3 : Le
Labyrinthe d'Émeraude
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Mai 2010
« Le labyrinthe d’Emeraude » est une bande dessinée parue en mai dernier. Il s’agit du troisième opus de la série « Long John Silver » qui devrait être une tétralogie. Cet album est édité chez Dargaud et est vendu au prix de 13,50 euros. Le scénario et les dialogues sont le fruit de l’imagination de Xavier Dorison et Mathieu Lauffray. Seul le dernier s’occupe des dessins et des couleurs. L’ouvrage est composé d’une cinquantaine de pages. C’est la présence de Dorison sur la couverture qui m’a fait acheter il y a trois ans le premier opus de la série intitulé « Lady Vivian Hastings ». Il est le scénariste de saga comme « Le troisième testament » ou « Sanctuaire » dont je suis un grand fan. De plus, son association avec Mathieu Lauffray a fait naitre « Prophet » qui est également une série de grande qualité.
Dans « Long John Silver », les auteurs décident de nous immerger dans le milieu de la piraterie. Il est possible que le titre vous dise quelque chose. Ce n’est pas surprenant car il s’agit du nom du quartier-maitre du capitaine Flint dans l« L’île au trésor » écrite par Stevenson. Je n’ai jamais lu ce bouquin et me garderait donc bien de faire des comparaisons ou des liens entre les différentes ouvrages. Nos deux auteurs ont donc décidé d’offrir une nouvelle vie à des pirates les plus célèbres de la littérature.
Pour résumer dans les grandes lignes les deux premiers tomes, je vous dirais que l’histoire est d’abord construite autour du personnage de Lady Vivian Hastings. Cette femme du monde aux mœurs légères considère son mari comme mort depuis qu’il est allé conquérir un trésor légendaire en Amazonie. Cela fait des années qu’il a disparu sans donner de nouvelles. Néanmoins, un jour réapparait son beau-frère accompagné d’un indien avec un courrier de Lord Hastings lui intimant l’ordre de vendre tous ses biens et d’affréter un bateau pour le rejoindre en Amazonie. La lady refuse de se faire déposséder de ses biens et décide de faire partie de l’expédition. Mais elle décide de ne pas partir seul. Elle entre en contact avec le légendaire Long John Silver et passe un pacte avec lui. C’est ainsi que tout ce beau monde embarque vers une quête que beaucoup supposent perdus d’avance. Le second opus se concluait par une mutinerie et la prise de pouvoir de Silver. Mais la carte du trésor avait disparu et son seul guide était cet indien mystérieux et inquiétant…
La première qualité de cet album est nous immerger dans le monde des pirates. Bien que n’étant composé que de mercenaires sanguinaires sans foi ni loi, cet univers est fascinant. Il nous offre une grande galerie de personnages hauts en couleur. Personne ne laisse indifférent. En ce sens les dessins de Lauffray sont de véritables chefs d’œuvre. Que ce soient les personnages, les décors ou les ambiances, rien de tout cela ne laisse indifférent. Le dépaysement est total. On a l’impression d’être revenu dans le temps et de nous trouver sur le pont avec cette bande de pirates. Le réalisme est remarquable. Dans ce domaine, les trois albums sont d’une égale qualité. Le premier préparait l’expédition. Le deuxième nous faisait traverser l’océan. Le troisième nous mène sur l’Amazone dans des contrées inconnues. Une atmosphère angoissante habille la lecture. Le lecteur n’est pas omniscient. On découvre ce nouveau monde avec Long John. On le suit, craintif et inquiet. Notre peur est compensée par le charisme du chef. Néanmoins, l’atmosphère maudite est prenante.Les deux premiers opus nous présentaient les personnages et faisaient apparaître les différents caractères, les hiérarchies, les tenants et les aboutissants. Dans ce troisième opus, il ne reste plus que les survivants. Il reste l’élite. Mais les plus courageux et les plus « dingues » vont tester leur limite dans leur quête Guyanacapac, lieu du mythique trésor des Incas. Le scénario est bien dosé. Il ne tombe dans aucun excès. Dans ce genre de quête, les non-dits sont souvent plus angoissants et efficaces que des révélations. La dimension légendaire et inconnue de leur aventure est brillamment rendue. Parallèlement, la trame est bien construite. Certaines informations apparaissent. Certains repères évoluent. L’importance des personnages change. Le fameux indien qui avait un rôle spectateur et passif prend une ampleur plus inquiétante une fois revenu sur ses terres. Bref, la navigation dans ses eaux inconnues n’est pas de tout repos.
Je n’ai pas envie de vous dévoiler toutes les révélations et les événements de ce troisième opus. D’après mes sources sur le net, il s’agit de l’avant-dernier de la série. Je préfère vous laisser les découvrir. La lecture est agréable et captivante. En refermant l’album, vous serez frustré de devoir attendre des mois pour connaître la suite. Pour conclure, je pense que cette série et en particulier cet album ravira les adeptes de pirates et de trésors. Il s’agit d’une œuvre de qualité. Chaque tome est plus passionnant que le précédent, ce qui n’est pas toujours le cas. Une nouvelle fois, Dorison et Lauffray sont à la hauteur de mes attentes. Et ce n’est pas la moindre des choses. Bonne lecture…
par Eric the Tiger
Note : 17/20