la marche de l'opposition bloquée par la police à Alger Quelque 80000 personnes ont tenté de marcher samedi à Alger à l'appel de l'opposition pour "changer le système" mais ont été bloquées par un très important dispositif de sécurité, qui a procédé à des interpellations musclées.
Des échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre, évaluées à 30.000 policiers, ont éclaté avant le début de la marche prévue à 11H00 (10H00 GMT), initialement entre la Place de la Concorde jusqu'à la Place des Martyrs,
un parcours d'environ 4 km. Au lendemain de l'éviction du pouvoir d'Hosni Moubarak en Egypte, les manifestants lançaient des "Algérie Libre" en arabe, "Le régime dehors!", "Système, dégage!".
Face à eux, une quarantaine de jeunes contre-manifestants sont brièvement apparus pour crier leur soutien au président algérien Abdelaziz Bouteflika. "Bouteflika n'est pas Moubarak", ont-il lancé.
Selon le ministère de l'Intérieur, 25000 personnes ont participé au rassemblement Place de la Concorde, mais des journalistes ont estimé à 20.000 le nombre des manifestants.
Le ministère de l'Intérieur a fait état dans un communiqué de 14 personnes brièvement interpellées.
La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) en a annoncé "plus de 300" entre Alger, Oran (ouest) et Annaba (est). "Certains ont été libérés mais d'autres sont toujours en détention", déclarait en fin d'après-midi à l'AFP le président de la LADDH Me Mustapha Bouchachi. Parmi celles brièvement interpellées à Alger, deux députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Othmane Maazouz et une femme, Feta Sadad, ainsi que Fodil Boumala, un fondateur de la Coordination nationale pour la démocratie et le changement (CNCD) à l'origine de l'appel à la marche.
Dans l'après-midi, la circulation avait repris presque normalement dans le secteur de la Place du 1er mai, après le départ d'un dernier groupe d'irreductibles. Environ 150 jeunes de moins d'une vingtaine d'années avaient continué à scander des slogans dans un coin de la place contenus par d'importantes forces anti-émeutes. "Ce qui manque à l'Algérie aujourd'hui, c'est de la dignité", a lancé une femme voilée d'une cinquantaine d'années à l'AFP, tout juste sortie de ce groupe, munie d'un drapeau algérien. "Les chefs, ils sont venus ce matin, et maintenant c'est l'heure d'aller manger", a-t-elle ironisé. Parmi les responsables présents dans la matinée, des représentants de la vie politique et de la société civile de la CNCD, mais aussi le co-fondateur du Front islamique du salut (FIS) Ali Belhadj.
Les familles des disparus des années noires des violences islamistes avaient rejoint le cortège pour réclamer la vérité sur les leurs. Le président du RCD, Said Sadi, s'est indigné auprès de l'AFP que "le doyen de la Ligue de défense des droits de l'homme algérien, Ali Yahia Abdelnour, âgé de 90 ans, ait été malmené" par les forces de l'ordre. A Oran, grande ville de l'ouest algérien, un rassemblement de 40000 personnes Place du 1er novembre s'est achevé par une trentaine d'interpellations, selon des témoins. Le chef local de la CNCD, l'universitaire Kadour Chouicha, son fils et deux journalistes, Djaafar Bensaleh du quotidien arabophone El-Khabar et Kamel Daoud du Quotidien d'Oran, ont été emmenés dans un fourgon de police puis relâchées. De même que deux artistes mimes, visages peints en blanc, une croix noire sur les lèvres. Une contre-manifestation d'une soixantaine de membres des partis de l'Alliance au pouvoir, le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND), a ensuite occupé tranquillement les lieux.
Devant la gare centrale de Tizi Ouzou, la principale ville de Kabylie, une poignée de jeunes gens ont brûlé des pneus. En France, plusieurs petites manifestations ont été organisées pour l'Algérie et pour l'Egypte. A Paris, environ un millier de personnes place de la République, ont fêté pour certains le départ de Moubarak, d'autres la démocratie en Algérie
Partager : J'aime