LE SILENCE DES OMBRES (Shelter) de Måns Mårlind et Björn Stein (2011)

S’il s’agit d’un premier film pour les suédois Mårlind et Stein, le scénariste Michael Cooney, lui, avait auparavant signé l’Identity de James Mangold, bizarrement déjà très branché syndrome schizophrénique et dédoublements de personnalités. Avec Shelter, relégué (cette fois-ci plutôt justement) au rang des Direct to Video, il met en scène un duel qui se voudrait passionnant, mais qui ne décolle jamais : celui d’abord entre l’actrice Julianne Moore (excellente en toutes circonstances) et Jonathan Rhys-Meyer (plutôt bon lorsqu’il s’agit de pleurer sur commande), celui ensuite entre raison et religion, science et surnaturel. Soit le cas d’un patient un peu hors normes, dont la personnalité bascule sur simple appel, zappant ses personnages comme l’on change de chaîne, entre paraplégique traumatisé et métalleux chevelu. Soit une femme veuve, docteur, cartésienne, tentant de percer le mystère de la chose et qui ne croit pas une seconde aux sirènes du fantastique. Si le film est plutôt soigné visuellement avec ses filtres bleutés et son ambiance maladive, il déroule une intrigue franchement peu excitante, qui mélange des ingrédients peu compatibles (foi, sorcellerie, psychologie) pour finir par livrer une bouillie indigeste et confuse, qui ne brille que lors de trop rares flashs de terreur. On atteint ainsi le fin mot de l’histoire, dans une surenchère (même pas drôle) de morts et de twists, de relents mystico-horrifiques au ras des pâquerettes, où psychiatrie, croyances personnelles et … intérêt du film se retrouvent balayés par un poids lourd de taille : un puritanisme exacerbé et agressif, culpabilisant et donc, pénible.