CHANSON
Vite. Temps poursuit,
Voici fin. Voici mort.
Pluie noire, poitrine infinie.
Vite, voici le cheval
Aux naseaux pourris,
L’idée maudite
Qui brandit
Et plante le couteau
Qui chante un cri.
Vite. Haleine s’épaissit,
Soufflet grince
Parmi le carbone assourdi.
Encore une ballade
Aux remparts du vent,
Des drapeaux, des couleurs, des gens,
Un geste de ma part,
Personne ne l’a vu,
Adieu, je meurs avant
L’heure pour qui j’ai vécu.
Entre mes deux corps,
Ou plutôt entre la muraille de lard et d’os
Et le squelette charnu et le cerveau,
Dans une eau, mince je suppose,
Ma plus intime amie s’est glissée,
Me colle et me caresse,
Ma plus intime amie maintenant, hier inconnue,
La folie me serre tendrement,
Tandis que mes joues de plus en plus roses
Tirent doucement mon visage
A l’apparence de la sérénité.
(Pierre Morhange)