L'autre jour, j'ai eu l'occasion de regarder -avec attention- à la télévision, la séance de l'Assemblée Nationale, consacrée aux questions au Gouvernement. J'ai eu le sentiment d'être dans un cirque : des deux côtés, des bateleurs de foire, faisant des pirouettes pour se faire remarquer, souvent avec talent. Mais des projets politiques? Une vision claire des problèmes de la France? Une analyse pertinente de la situation? Non, jamais!
Je sais bien que ces questions au gouvernement constitue le moment pour se montrer (et montrer les dents) puisque que c'est la seule séance hebdomadaire qui est systématiquement retransmis à la télé. Après, entre eux, les députés passent aux "choses sérieuses".
Mais c'est ce choix qui me pose problème : car si l'Assemblée Nationale vue par les citoyens doit être un cirque, c'est bien que les députés considèrent les citoyens comme des enfants !
Or, il s'agit d'une erreur manifeste : depuis 50 ans, le niveau intellectuel des Français n'a cessé d'augmenter. Se comporter comme les députés de la quatrième république relève manifestement d'une erreur d'appréciation.
On comprend mieux alors le discrédit croissant, l'impopularité des hommes politiques français : elle est relevée chaque fois par les différents sondages, on peut la voir aussi en allant sur les blogs des hommes politiques. Les rares personnalités qui osent encore laisser les commentaires libres sur leur site en sont pour leur frais : à part quelques supporters de leur parti, les commentaires sont acerbes et tranchant. Les citoyens disent alors ce qu'ils pensent.
Et on peut le résumer en une phrase : arrêtez vos jeux politiciens et occupez-vous de nos problèmes, de la crise générale que nous vivons, proposez des solutions concrètes !
Bertrand de Jouvenel écrivait en 1941 dans Après la défaite : On reste stupéfait qu'une grande puissance, à un moment décisif pour son destin, paraisse comme frappé d'immobilité. N'y avait-il point dans ce pays, se demande-t-on, d'hommes capables de regarder ce qui se préparait autour d'eux? Il y en avait assurément, mais tout occupés à s'entre-observer; leur vigilance était absorbée par les luttes intérieures. On discutait sur le forum, et les tours étaient dépourvues de guetteurs (...) Jamais encore la France n'avait été à ce point privé de tête. De cet organe que les Anciens appelaient fortement le lieu de décisions.
Si cela continue ainsi, nos descendants auront la même image de nos hommes politiques contemporains. Ils auront été incapables de voir les menaces grandir, incapables de proposer des solutions adaptées et auront précipiter le pays dans la ruine.
Cette analyse, hélas, vaut aussi pour la très grande majorité des journalistes et des intellectuels médiatiques français.