Abats de dictatures

Publié le 13 février 2011 par Decrauze

Z. el-Abidine Ben Ali


Les dictateurs ont-ils perdu la turgidité de la vraie tyrannie ? A trop singer le système démocratique, deux présidents-autocrates ont interrompu leur mandat emphytéotique. Les peuples enthousiastes veulent se doter au plus vite de notre régime politique.Le souffle déterminé de quelques centaines de milliers de personnes aura suffi à déboulonner ceux que nos vieilles démocraties occidentales jugeaient comme les plus fréquentables de la région. Que des masses pacifiques prennent le risque du massacre par l’autorité en place pour rejoindre le cercle restreint des vraies démocraties tourneboulent nos propres insatisfactions mal placées.

M. Hosni Moubarak

La mondialisation, tant critiquée par les peuples aux économies les plus avancées, a cette vertu de mettre sous les yeux des opprimés des modèles dignes de combat. Face à eux, des dictateurs sans idéologie, obsédés par la captation financière, gâtés jusqu’à l’os, molles pourritures naguère perfusées pour garantir nos propres intérêts géopolitiques. Le tournis me prend : les peuples arabes veulent-ils un pouvoir similaire à ceux qui se sont acoquinés avec leur illégitime dirigeant dégagé ? Prendre un  peu de champ entre deux journées historiques pour relativiser…Restent les armées à la passivité cruciale pour que ces révolutions n’avortent pas dans un bain de sang. Ce n’est pas le moindre des paradoxes que ces corps constitués pour la guerre assurent la transition pacifiée vers l’ère démocratique. Les Etats-Unis devraient proposer leurs largesses aux troupes inflexibles de Corée du Nord et d’ailleurs…La popularisation des techniques de communication a également permis d’agréger les volontés et de dénoncer par l’image les amorces répressives de la police aux ordres. Il existe bien une caisse de résonance mondiale pour des aspirations clamées : le concert des populations a eu la peau des vieux chefs d’orchestre dissonants. Lyrisme facile avant les contraintes prosaïques.

Des abats

Que tous ces gens fraîchement libres profitent, sans en perdre une miette, de cette phase passionnante de la reconstruction politique de leur pays. Après viendra le temps gris de la désillusion, du blasement cultivé pour occulter ses propres inconséquences : époque égrotante de nos (trop) mûres démocraties en quête d’un nouveau souffle.