Encore l’affaire Cassez

Publié le 13 février 2011 par Copeau @Contrepoints

Ce jeudi 10 février, le feuilleton juridico-politico-diplomatico-journalistique franco-mexicain Florence Cassez a connu un nouvel épisode. En effet, c’est ce jour que la Française voyait étudié par un tribunal mexicain son dernier recours contre sa condamnation à 60 ans de prison.

Florence Cassez

Malheureusement pour elle, à l’unanimité, le tribunal collégial en matière pénale a rejeté de manière définitive le recours de constitutionnalité introduit par Florence Cassez et a ratifié la condamnation de 60 ans prononcée contre elle pour enlèvement et séquestration, appartenance à bande criminelle organisée et port d’arme prohibée. Pour le Septième Tribunal collégial en matière pénale siégeant dans le District fédéral, la responsabilité de Florence Cassez dans les délits qui lui sont attribués est en effet pleinement accréditée par les témoignages de ses victimes.

Les trois magistrats en charge de l’affaire établissent que Florence Cassez a été clairement identifiée par les victimes des enlèvements, même se celles-ci ne purent voir son visage, dès lors qu’elles purent fournir suffisamment d’éléments pour l’identifier grâce à d’autres caractéristiques comme la tonalité de sa voix, la couleur et la texture de sa peau, ainsi que la couleur de ses cheveux. De même manière, les juges considèrent qu’une preuve supplémentaire de la culpabilité de Cassez a été fournie par son coaccusé, Israel Vallarta Cisneros – dont elle était l’amante – , chef de la bande criminelle connue sous le nom « Los Zodíacos » puisque tous deux furent arrêtés le 8 décembre 2005 quand ils quittaient le même domicile d’où furent libérées les victimes de l’enlèvement.

C’est pourquoi le tribunal considère qu’au regard de la constitution mexicaine les garanties individuelles n’ont pas été violées ni que furent violés les droits subjectifs de la plaignante tels que rapportés dans le recours présenté par son représentant légal, Agustín Acosta. Pour cette raison, les magistrats fédéraux ont ratifié la sentence rendue par le Tribunal unitaire en matière pénale du District fédéral et ont déclaré non fondés les moyens avancés par la défense de Florence Cassez :

1° En ce qui concerne le moyen selon lequel il n’existerait pas de certitude sur le jour et le lieu de l’arrestation, le tribunal le considère comme non fondé dès lors que pendant sa première déclaration Florence Cassez ne manifesta pas avoir été arrêtée un jour avant ni avoir subi de pression pour s’auto-inculper, alors même qu’elle disposait d’un avocat et d’un interprète.

2° En ce qui concerne le moyen selon laquelle Florence Cassez aurait été arrêtée de manière arbitraire, la sentence définitive signale qu’il y eut bien flagrant délit au moment de son arrestation, dès lors qu’elle portait une arme à feu lorsqu’elle fut appréhendée en compagnie d’Israel Vallarta.

3° En ce qui concerne le montage télévisé que réalisèrent les autorités fédérales pour annoncer l’arrestation d’Israel Vallarta et de sa compagne Florence Cassez, les magistrats fédéraux considèrent que la sentence rendue par le tribunal de seconde instance ne tint pas compte des vidéos – se basant sur les témoignages des victimes – et que leur diffusion n’affecta pas le déroulement du procès.

4° De même manière, a été considéré comme non fondé le moyen introduit par Florence Cassez selon lequel elle n’avait pas été immédiatement mise à disposition du Ministère public, dès lors qu’au moment de sa capture, son amant Israel Vallarta avait prévenu les autorités que les victimes de l’enlèvement risquaient leur vie si elles n’étaient pas libérées avant que que soit rendu publique leur détention.

5° Enfin, dans son jugement, le tribunal collégial en matière pénale précise que ne furent pas violés les droits consulaires de Florence Cassez, dès lors que les autorités essayèrent bien d’avertir l’ambassade de France à México de l’arrestation d’une citoyenne française, mais sans que personne ne leur réponde jamais au numéro indiqué à cet effet.

On a appris que, le lendemain, la ministre des Affaires étrangères française Michèle Alliot-Marie s’était dite « choquée » par le décision du tribunal mexicain et avait même menacé de « conséquences sur les relations entre la France et le Mexique », ainsi que de boycotter les manifestations prévues pour l’année du Mexique en France. Elle aurait peut-être même envoyé une escadre menée par le porte-avions Charles De Gaulle devant Vera Cruz si ce satané rafiot voulait bien être un jour pleinement opérationnel. Donc, on fait avec ce qu’on a et il est plaisant de voir la diplomatie française retrouver le verbe haut qui a singulièrement fait défaut ces derniers temps. Durant la révolte tunisienne, quand Alliot-Marie proposait aimablement à l’ancien dictateur Ben Ali l’expertise française en matière de répression policière. Ou durant la révolte égyptienne, quand l’on se taisait dans toutes les langues. Alors merci qui ? Merci messieurs les Mexicains qui permettent à la France de s’imaginer pouvoir encore jouer les grandes puissances face aux métèques et à un gouvernement français – à peine échaudé par ses tentatives foireuses de régler les problèmes de la Colombie par son soutien borné et envahissant à cette insupportable sotte mégalomane et égocentrique d’Ingrid Betencourt – d’essayer de faire chanter de manière grotesque un gouvernement étranger ainsi que de faire plier l’indépendance de la justice d’un pays souverain. À se demander qui est la république bananière de qui…