C’est une confrontation magistrale entre Auguste Rodin et le photographe japonais Hiroshi Sugimoto, 63 ans, que nous propose Larry Gagosian dans sa galerie parisienne au 4 rue de Ponthieu, jusqu’au 25 mars.
Deux maîtres de la lumière et du mouvement et, surtout, de l’hymne au corps : la série Stylized Sculpture (2007) d’Hiroshi Sugimoto présente, dans des noirs et blancs totalement épurés, les habits emblématiques de couturiers célèbres issus de la collection de l’Institut du Costume de Tokyo : la robe T de Madeleine Vionnet, la robe taille de guêpe de Balenciaga, la géométrie stricte de la pièce d’Yves Saint Laurent ou encore le jupon à voile d’Issey Miyake. Ces robes, dont les mouvements saisis par Sugimoto répondent avec force aux corps de Rodin, vecteurs dont la fonction est d’exprimer l’âme par la tension, de transcrire dans la matière le caractère tragique de la condition humaine.
L’exposition donne un coup de jeune au maître dont trois œuvres sont présentées : "Les Trois Ombres" (1880) provient de la collection privée d’Iris Cantor, "Monument à Victor Hugo" (1897), prêt de la très renommée Fondation Iris et B. Gerald Cantor, et "La Muse de Whistler" (1908), prêt du musée Rodin. Ouverte à Paris depuis octobre dernier, la galerie Gagosian, qui a déjà exposé les œuvres architecturales préfabriquées du designer Jean Prouvé et les toiles récentes du peintre américain Cy Twombly, s’impose déjà comme l’une des galeries majeures de l’hexagone.
Photo Zarko Vijatovic