vanitas vanitatum et omnia vanitas*
Dans l'histoire culturelle occidentale, les Vanités tiennent une place particulière doublement centrée, dans l'espace sur la Hollande, et dans le temps sur les années 1630-1650, avec des débordements réduits sur le reste de l'Europe occidentale, et le reste du XVII° siècle. Les Vanités ont une origine complexe, et à rechercher principalement dans la tradition chrétienne. Si l'on commence par la présence du crâne, ou des ossements, on relie cet aspect des vanités à la danse macabre des XIVè et XVè siècles. Des triptyques ou dyptiques des XV–XVIè siècles apportent aussi leur constribution aux origines des vanités.
La Vanité constitue un sous-genre de la nature morte. En vérité cette manière de dire ne s'est imposée en France qu'en 1756 après le succès de Chardin. La Vanité (vanitas) se développe dans une époque où le latin est partagé par l'ensemble des classes cultivées de l'Europe occidentale et où l'environnement chrétien est indissociable d'une certaine familiarité avec la langue latine. On ne sera donc pas surpris d'y retrouver des formules latines dont la plus connue est : « vanitas vanitatum et omnia vanitas » [«Vanité des vanités, tout est vanité) ou bien encore « memento mori ». Les Vanités ont une signification symbolique et philosophique puisqu'elles mettent en balance la mort et les œuvres humaines. D'un côté les richesses et les plaisirs de l'existence, de l'autre le triomphe de la Mort, rappelé à tous, ou du moins aux "riches pénitents [qui les] plaçaient dans leur oratoire pour méditer sur la futilité des choses de ce monde tout en contemplant une œuvre d'art”.
Dès le milieu du XVIè siècle, le maniérisme utilisa une multitude organisée d'objets : fleurs, fruits, poissons. C'était le thème de la table bien garnie d'une profusion de victuailles pour la satisfaction des sens. Il faut reconnaître que bien des natures mortes (ou Still Life), malgré une qualification de "vanitas", ne font que reprendre cette foule d'éléments décoratifs, par exemple avec les tableaux de fleurs de Daniel Seghers ou d'Ambrosius Bosschaert, comme avec les étalages de légumes, de fruits, de poissons, œuvres de Franz Snyders ou d'Osias Beert. C'est pourtant l'agencement de ces différents éléments qui permet de constituer la vanité, toujours marquée par cette fascination du détail que l'on rejetterait plus tard, dès le temps des Lumières.
Récemment, en 2010, une exposition était consacrée aux vanités au musée MAILLOL, preuve qu’elles fascinent toujours autant, surtout à une époque où la vanité n’a jamais été aussi prégnante.
Le diaporama ci-dessous présente des pièces maîtresses des Vanités actuelles et passées.
* Post réalisé à partir de l'excellent article du website WODKA qui vous donnera de plus amples informations et ressources pour cultiver votre soif de curiosité sur le sujet.