Ducktails - Ducktails III: Arcade Dynamics

Publié le 12 février 2011 par Hartzine

La pochette incite à la rêverie : on s’imaginerait sans trop de difficultés en vacances dans cette grande maison blanche et moderne à l’architecture pouvant être inspirée d’un film de Kubrick. Bordée par un lac paisible, elle est isolée de toute agitation grâce à une végétation reine. Seule trace de vie humaine, cette maison et cette immense terrasse sur laquelle quelques chaises longues sont installées ici et là pour recueillir notre fatigue et nos questionnements obsédants. Quelques amis, pas trop bavards, et le bruissement de l’eau à peine perceptible bercent nos longues heures d’inactivité tournées vers les souvenirs et les fantasmes. Dès l’ouverture du nouveau LP Ducktails III: Arcade Dynamics de Matthew Mondanile aka Ducktails (également membre de la formation Real Estate), la première impression est confirmée. Les décors sont plantés en moins de deux. Et une plénitude soudaine s’empare de vous lorsque cette musique d’ambient vire du côté de la pop psychédélique et expérimentale.

Sorti sous le label Woodsist, promoteur d’un lo-fi ensoleillé, l’album reste à dominante instrumentale, tout en laissant la place à quelques voix qui viennent se poser sur certains titres. Dont une et pas des moindres, celle de Noah Lennox de Panda Bear sur une version du single Killin’ The Vibe.  A l’écoute donc de son travail avec et sur les sons, on est tenté de penser à la parenté entre ce jeune gars originaire du New Jersey et la jeune « hypnagogic pop ». Concoctée par un bon nombre de geeks cloués devant l’ordinateur de leur studio éclairé par une unique lampe à lave datant de leur adolescence, cette pop rêveuse et un brin fantaisiste exprime une grande mélancolie mêlée d’inconscience juvénile. L’atmosphère dépeinte ici n’est autre qu’un melting pot de tout ça. Chaque sonorité n’est pas étudiée à la légère. Quand celle-ci vient se superposer à la précédente, c’est dans le seul but de magnifier encore davantage la chanson. La production, quant à elle, se réduit à peu de choses comme le démontrent Art Vandelay ou encore Hamilton Road. Malgré une forme rudimentaire, les mélodies ne perdent évidemment pas en force d’attraction. Sortes de ballades brumeuses et tourmentées, elles sont éminemment expressives. La lancinante Hamilton Road vous capture sur votre chemin menant au boulot pour vous transporter directement aux abords d’une autre route, plus petite, moins fréquentée et perdue au milieu d’un décor lumineux et vallonné. Le chant traînant et noyé dans la réverb est hypnotisant. Le point culminant du LP se distingue par la simplicité et la fraîcheur de Little Window suivi du single Killin’ The Vibe. La section rythmique est basique, un tambourin se manifeste de temps à autre, les guitares mises en avant sont claires. Le son y est également plus propre.  Porch Projector, qui s’étend sur de plus longues minutes après une succession de chansons assez brèves, clôture cet intermède à coups de bruits épars et évanescents. Comme une douce redescente vers la réalité. Quitter cette maison et cette immense terrasse pour retourner dans la grisaille de l’hiver, n’est pas évident. Le temps s’est écoulé à une allure folle. Comme un rêve dont, au réveil, on ne peut dire si on l’a vécu ou non.

Audio

Ducktails - Killin the vibe

Vidéo

Tracklist

Ducktails - Ducktails III: Arcade Dynamics (Woodsist, 2011)

1. In the Swing
2. Hamilton Road
3. Sprinter
4. The Razor’s Edge
5. Sunset Liner
6. Little Window
7. Killin the Vibe
8. Arcade Shift
9. Don’t Make Plans
10. Art Vandelay
11. Porch Projector
12. Killin the Vibe (feat. Panda Bear)