La compagnie des Sans Cou, portée entre autres par son metteur en scène issu du Cons Igor Mendjisky, propose sa vision du chef d'oeuvre de William Shakespeare pour encore un gros mois au théâtre de la rue Mouffetard.
Grand prix 2009 du Festival d'Anjou, ce spectacle doté d'une distribution talentueuse aux fortes personnalités se perd un peu dans une précipitation d'intentions trop nombreuses, tant dans le jeu des comédiens que dans la mise en scène, tendant à rendre parfois l'ensemble confus et brouillon.
La nouvelle traduction donne à entendre des dialogues de notre temps, cependant fidèles à l'auteur, vifs, parfois crus, toujours percutants. De ce point de vue, c'est réussi. La brièveté de l'adaptation (le spectacle ne dure qu'une heure quarante cinq quand l'oeuvre originale se rapproche davantage des quatre ou cinq heures) constitue en revanche peut-être un handicap, la sensation d'assister à un digest de la pièce étant permanente.
Côté interprétation, Romain Cottard (photo) habite Hamlet avec justesse et sincérité, même si plus d'intériorité dans l'hystérie aurait pu densifier le personnage. Nous avons également beaucoup apprécié le jeu et le regard intense de Dominique Massat (photo), superbe en Gertrude, mère d'Hamlet, malgré son jeune âge.
Enfin quelques images, très fortes et très belles, emportent totalement le spectateur, et si celles-ci ne parviennent pas à faire oublier les faiblesses du spectacle, elles méritent que l'on s'attarde sur le travail d'une équipe qui n'a certes pas réinventé Shakespeare mais qui tente des choses.
La démarche est donc à soutenir.
Photo : lessanscou.com