Dieu que les révolutions arabes de ce début d'année sont réjouissantes ! Qu'elles font plaisir à voir ! Elles contredisent tous ceux qui pendant des années ont entretenu cette idée fallacieuse selon laquelle le monde arabe, l'Islam, ne seraient pas compatibles avec la démocratie. On voit bien que non, que cette immense demande de démocratie se fait en dehors des partis intégristes. Il est d'ailleurs intéressant de noter que ceux-là mêmes qui hier soutenaient les pouvoirs autoritaires en Tunisie ou en Egypte, sont les mêmes qui aujourd'hui ont du mal à se réjouir parce qu'il y aurait un potentiel risque de prise de pouvoir par les religieux.
Tout cela n'est que fadaises ! Jusqu'à preuve du contraire, les islamistes en Tunisie ont été inexistants pendant le mouvement et depuis se réclament eux aussi des valeurs démocratiques et prennent comme modèle le parti islamiste modéré turc qui est au pouvoir et qui a prouvé depuis des années que l'Islam pouvait être soluble dans la démocratie. Quant aux Frères Musulmans égyptiens, ils ne sont pas à l'origine de la révolution, et s'ils participent aujourd'hui aux négociations, ils sont tiraillés par les divisions sur la marche à suivre, et surtout, ils sont loin d'être majoritaires en Egypte.
Ce sont les Occidentaux et les pouvoirs en place qui ont instrumentalisés pendant des années les mouvements religieux radicaux, officiellement au nom de la stabilité dans la région et de la paix avec Israël. A la vérité, c'est surtout en raison du maintien de la prédominance occidentale sur ces pays que l'on a soutenu des dictatures et agité le chiffon islamiste. De fait, qui paradait il y a encore peu de temps aux bras des dirigeants tunisiens, si ce n'est la quasi-totalité de la classe politique française ? Et ce sont bien les Etats-Unis qui ont financé l'armée égyptienne pendant des années, armée d'où Moubarak était issu, et à laquelle il devait son pouvoir.
Les révolutions tunisiennes et égyptiennes ne doivent rien à personne, ni aux Occidentaux, ni aux mouvements religieux, ce sont les peuples eux-mêmes qui ont décidé de conquérir leur liberté. Rien que cela, c'est une excellente nouvelle. Je ne comprends pas au nom de quel droit aujourd'hui on pourrait souhaiter une évolution démocratique, ou encore faire pression pour écarter les islamistes du pouvoir.
Pourquoi aurions-nous, nous Occidentaux des leçons à donner ? N'est-ce pas un président américain dont l'élection était contestable, qui a menti au monde entier et mener une soi-disant guerre du bien contre le mal, pour sauvegarder l'influence internationale de son pays ? L'Italie n'a-t-elle pas un dirigeant corrompu ? Et que dire du pouvoir qui n'a jamais été aussi coupé de son peuple !
En aucun cas les pays Occidentaux n'ont de leçons à donner sur ce qui se passe en ce moment dans le monde arabe. Bien au contraire, ce sont les peuples égyptiens et tunisiens, et peut-être tous ceux qui vont suivre, qui devraient nous servir d'exemples, et nous aider à nous débarrasser de ces oligarchies qui nous gouvernent et qui prennent de moins en moins la peine d'avoir des allures de démocratie.