C'est ce que soutient le docteur en psychologie Jean Leblond, qui a agi comme expert dans le recours collectif contre Loto-Québec sur la dangerosité des ALV et qui a été réglé à l'amiable l'année dernière. «Les jeux en ligne sont des rejetons des ALV. Il y a une filiation héréditaire», affirme M. Leblond.
Loto-Québec, il s'agit «d'avoir une offre diversifiée et concurrentielle par rapport aux 2000 sites illégaux qui existent». Ce ne sont pas des ALV, insiste la porte-parole de la société d'État, Marie-Claude Rivet. «Nous n'en avons pas et nous n'en aurons pas», a-t-elle ajouté après avoir parlé au p.-d. g. de Loto-Québec, Alain Cousineau.
Jean Leblond estime toutefois, après avoir expérimenté les nouveaux jeux, que les similitudes sont grandes avec les ALV. Ce serait particulièrement vrai pour le jeu Pyramide.
La mécanique des jeux des ALV, proposant aux joueurs de remettre en jeu leurs gains afin de passer à la ronde «boni», n'est pas différente des étapes proposées aux joueurs pour atteindre le sommet de la Pyramide. «La motivation est la même avec un taux de remise élevé et la fréquence de gains intermédiaires», dit Jean Leblond.
Dans les bars, les ALV ont un taux de remise de 92 %, alors que le jeu Pyramide dépasse les 95 %. La situation inquiète M. Leblond: «Le taux de remise, c'est l'équivalent du taux d'alcool. C'est ce qui fait qu'un jeu a le potentiel d'être dangereux. Avec l'usage, plus le taux de remise est élevé, plus il y a de risque que les processus psychologiques incitent à jouer.»
De son côté, Loto-Québec rappelle que les taux de remise correspondent à ceux offerts sur les sites illégaux et que c'est une décision strictement commerciale.
Dans cette logique, le comité de suivi du jeu en ligne mis sur pied pour accompagner Loto-Québec n'a pas été sollicité. La présidente du comité, Louise Nadeau, précise d'ailleurs que «le groupe de travail ne s'est pas intéressé aux nouveaux jeux en ligne. On va attendre l'évaluation des données avant de se prononcer».
Loto-Québec a toutefois demandé conseil à Richard Wood qui avait déjà produit une étude lorsque la société d'État a lancé Espacejeux. Or, M. Wood est à la fois un expert et un homme d'affaires qui vend des produits dans l'industrie du jeu en ligne, notamment en Suède. La situation fait dire à Jean Leblond que M. Wood est «peu crédible».