La pièce, dirigée par Jean-Pierre Vincent, est enlevée, menée sur un rythme léger et fantaisiste. Les comédiens sont à leur avantage dans un décor qui évoque la pastorale. Un fond de montagne, dans l’azur, une main souveraine comme celle d’un dieu dans un tableau de Michel-Ange, des cloches d’église qui tintent au début du spectacle, les bruits de la ferme, une botte de fumier côté jardin, côté cour des bottes de paille et un garçon qui sommeille... Le coq chante, il s’éveille, mord dans une grosse tranche de pain. Sa grande chemise pend au bas de son habit, il s’étire, regarde la campagne autour de lui. Alors passe une aimable fermière qui lui fait signe...
On dirait Jean-Jacques au cours de l’un de ses voyages en direction de chez Mme de Warens. Les acteurs prennent leur temps. Le jeune homme s’amuse à faire tourner la manivelle d’une petite boite à musique. La fermière s’en va en cambrant les reins, le désir est allumé ! Moment silencieux d’aparté... Avant le mouvement et le jaillissement de l’amour chez Marivaux, tout commence dans le regard, le cœur, et le désir fulgurant... La comédie peut débuter, envers et contre tous !