Et bien mes amis, il aura fallu que j’attende 2011 pour voir pareil chef d’œuvre ! N’ayons pas peur des mots, nous ne sommes plus à ça prêt sur Made in Asie. Osons l’exubérance verbale parce que ce film le mérite amplement. Je me rends compte, sans l’avoir fait exprès, que d’une certaine façon, je boucle la boucle que je m’étais fixé : voir le dernier film que Patrick Lam Kar Ming a mis en scène avec My Heart Is That Eternal Rose /Saat sau woo dip mung (1989), avant un mutisme de dix-sept ans qu’il cessa en réalisant le magnifique After This Our Exile (2006), chroniqué sur ce même blog. C’était déjà une sympathique claque que je mettais prise avec ce drame familiale se déroulant en Malaisie et cette fois-ci la claque fut tout aussi sympathique avec cet « heroic bloodshed romantique ». Il va de soi que le film était connu (et pas assez du plus grand nombre malheureusement) ; des images et séquences avaient été vus au fil du temps, mais le voir dans son entier m’a sincèrement bouleversé.
My Heart Is That Eternal Rose nous raconte quoi ? L’Amour. Le seul, l’unique, le vrai. Rick et Lap s’aiment. Ils sont ces deux jeunes tourtereaux qui se tournent autour. Le père de cette dernière (affilié aux triades) se fait aider de Rick et d’un flic ripou dans une mission commanditée par un chef de triade. Les choses tournent mal. Le flic ripou est tué, le père de Lap est en danger, Rick parvient à s’enfuir aux Philippines espérant que Lap et son père le rejoignent bientôt. Mais pour sauver son père prisonnier des malfrats, Lap est obligée de se marier à un caïd sans que son bien aimé le sache. Six ans passent, Rick revient à Hong Kong pour exécuter un contrat. Il y retrouve Lap…
My Heart Is That Eternal Rose se veut une histoire simple mais qui s’avère rondement mené par un cinéaste au talent propre (à la touche si personnelle, authentique) qui parvient à signer une œuvre à la fois déchirante et enivrante. Une œuvre où suinte l’émotion et la tension des plus intense qui soit. Magnifique. Techniquement réussi (photo, effets stylistiques,…), Patrick Tam nous invite avec My Heart Is That Eternal Rose à plonger dans un polar efficace où la narration, les scènes d’actions et le romanesque sont d’une poésie sombre qui nous happent totalement. Les performances des acteurs sont parfaites avec notamment le trio amoureux qui prend place : Kenny Bee (impeccable sous les traits du héro tragique), Joey Wong Tsu Hsien (juste magnifique, on en tombe amoureux) et Tony Leung Chiu Wai (réellement touchant). On n’oubliera pas non plus les méchants de service avec Ng Man Tat en pourriture de flic sans scrupule, un Gordon Liu sadique à souhait (jouissif) et un Michael Chan Wai Man qui en impose sous ses airs de boss tout en retenu.
Il y a tellement à dire sur ce film que les mots me manquent pour crier tout mon amour à My Heart Is That Eternal Rose et dire combien ce film est beau et puissant. Ici pas de démonstration débordante à la John Woo mais tout comme Ringo Lam, Tam apporte un soin singulier et particulier à ses personnages et à leurs psychologie. Et qu’importe que Patrick Tam ne voulait pas de cette note d’optimisme en tout fin de métrage, ce n’est pas tant ça qui est important. Ce qui est important c’est que Patrick Tam Kar Ming is the best et ça, je ne viens de le réaliser qu’aujourd’hui.
PS : Comparaison à deux sous : Joey Wong ça a tout de même plus de tronche que Sally Yeh (The Killer, 1989) au micro (et même tout court).
PS 2 : Ce qu’After This Our Exile est déjà loin (2006) ! Allez, Patrick on en veut encore du vrai bon cinéma !
I.D.
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