LA ROUTE DES CHIENS
De part et d'autre de la Route des Chiens
quelques baraques, aux carcasses mal assurées,
aux airs fuyants s'égrenaient, suppurant l'ennui -
auraient-elles pu s'enfouir ou s'enfuir
qu'assurément, je pense qu'elles l'eussent fait.
Une buvette avançait tout timidement
la fragilité de ses tables et de ses chaises
sur la terre battue tenant lieu de trottoir
mais rares étaient les voitures qui s'arrêtaient
toutes semblaient venir du fond de l'infini.
Tout paraissait jaune et un peu évanescent
comme une respiration qui se retient
de part et d'autres de la Route des Chiens
toujours trop pressée de gagner les horizons
quelques baraques
s'accrochaient sans grande gloire,
inaperçues entre les deux immensités
et l'on y humait le parfum de nulle part,
on y voyait rôder des chiens fauves eux aussi
tandis que l'habitant morne rasait les murs
mi-absent mi-clandestin -
qui savait pourquoi ?
Les maisons basses se tassaient de plus en plus
de part et d'autre de la Route des Chiens
lieu de passage des météores en métal
qui fonçaient avec des sons abrupts et tranchants
comme s'ils essayaient de décapiter l'air;
elles se planquaient derrière les bourrelets
des talus, le long des déclivités du sol.
C'était ainsi
la vie
en ces lieux résignés
à l'intersection entre rien et rien
lieux peut-être rêvés,
lieux peut-être réels
où l'ubiquité des canidés
scrutait seule
Patricia Laranco.