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Robert Darnton - Destins du livre, du papyrus à Google Books

Par Benard
 robertdarnton.png Robert Darnton
ParThierry Guinhut/La République des Lettres, dernière mise à jour le jeudi 10 février 2011.

Nolens volens, l'avenir du livre est en question, voire jusqu'à la condamnation sans appel de ce média papivore et topophage, tant il encombre par ses accumulations avalancheuses nos lieux de vies, nos bibliothèques privées et publiques.
Devant la catastrophe inévitable, allez hop, on numérise tout le fatras, on regarde défiler toute la culture du monde sur nos iBooks et autres iPads; nous voilà tranquilles pour l'éternité… Est-ce si prudent ? Chacun à leur manière, Robert Darnton, directeur de la Bibliothèque de Harvard, et Umberto Eco, sémiologue et écrivain, répondent à nos interrogations, sans anti-modernisme ni nostalgie excessive, mais en se faisant les ardents défenseurs de ce livre qui, résolument, a encore un large avenir devant lui.
Passant par les contraintes (dont le coût du papier) des éditeurs du XVIIIe, mais aussi les lectures “segmentaires” des recueils de citations, Robert Darnton s'inscrit dans une “histoire de la lecture “. Les auteurs médiévaux et des Lumières s'empruntaient les uns aux autres, en ancêtres du copié-collé, sans compter les éditions pirates: “autant d'éléments que l'on a tendance à croire aujourd'hui constitutifs du seul problème numérique”.
En ce sens, l'avenir “passe par la connaissance des circuits du livre dans le passé”. De plus, invention de l'écriture, rouleau, codex, imprimerie, iBook, rien n'assure la véracité des faits et du texte: notre essayiste s'appuie sur le Folio, ou première édition complète de Shakespeare, aussi sujet à caution que Wikipedia et autres buzz: “la stabilité textuelle n'a jamais existé avant internet”. Dès la première loi sur le copyright en 1710 en Angleterre jusqu'au copillage textuel contemporain, les bibliothèques restent pour lui l'assurance de la conservation des livres: une nouvelle technologie, un bug géant, peuvent rendre Google Book obsolète, l'effacer. La “mégabibliothèque numérique” doit alors être une chance, mais pas au prix de la disparition des imprimés, démembrés et microfilmés en vain. La démocratisation des savoirs ne se fera pas, souhaite-t-il, au prix d'une privatisation entrepreneuriale, mais d'une juste rétribution entre les parties: auteurs, bibliothèques et numériseurs.

Lire la suite : http://www.republique-des-lettres.fr/11388-robert-darnton.php

• Robert Darnton,Apologie du livre(Éditions Gallimard).
Umberto Eco et Jean-Claude Carrière,N'espérez pas vous débarrasser des livres(Éditions Grasset).


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