Adieu la dette, bonjour les cheikhs ?

Le Qatar, nouvelle nation du foot. Coupe d’Asie 2011, Coupe du Monde 2022, sponsor maillot du FC Barcelona et peut-être bientôt… Propriétaires de Manchester United. Actuellement propriété des américains Glazer, dois-je le rappeller, et du coup endetté de centaines de millions d’euros, le plus grand club d’Angleterre est la source de rumeurs récurrentes depuis plusieurs semaines, faisant état d’un prochain rachat du club par de généreux et aisés cheikhs qatari, probablement même de la famille royale de l’émirat, pour une somme qui avoisinerait les 1,6 milliards de GBP (près de 2 milliards d’euros). Cette somme, si elle se vérifie, permettrait aux barbes rousses américaines de faire un bénéfice de 100% sur leur investissement (790 millions de GBP), de quoi réfléchir !

Oubliez donc les Red Knights, ces sauveurs fortunés made in England, fans de United, le futur de United pourrait bel et bien s’écrire en arabe. Et qui dit propriétaire de telle provenance dit fonds illimités, ce ne sont pas les citizens qui me contrediront. Cette rumeur déjà démentie plusieurs fois par David Gill et les Glazer, ne cesse pourtant d’amplifier. Il faut dire que plusieurs signes appuient la possibilité d’un tel changement pour le club le plus populaire de la planète. La présence de Sir Alex Ferguson au Qatar au mois de novembre, son soutien à leur candidature pour 2022, et les fameuses assurances apportées à Wayne Rooney concernant les ambitions du club, par exemple, sont autant de petits détails qui donnent à ces rumeurs plus de crédibilité.

Serait-ce bon pour nous, supporters du club ? On sait ce qu’on a, on ne sait pas ce qu’on aura. Enfin, on sait que la dette colossale actuelle serait remplacée par le même genre de moyens que City, Chelsea ou Madrid. Mais qu’en sera-t-il de l’identité du club ? On peut se réjouir de voir dégager les yankees, mais accordons-leur au moins cela ; ils n’ont rien changé à la politique sportive du club, laissant les pleins pouvoirs à Sir Alex Ferguson, avec le succès que l’on connait. Et si on devenait un club sans âme comme City, attirant les mercenaires du monde entier, alléchés par des salaires mirobolants et prenant la place de jeunes du cru qui ne recevront jamais leur chance ? Qu’adviendra-t-il le jour où les milliardaires en robe ne voudront plus de leur joujou ? United a certainement les épaules pour gérer une telle révolution, sans tomber dans l’excès, qui nuit en tout. Les stars du foot ne seraient pas attirées que par les petrodollars, mais également par les traditions et l'histoire du club, incomparable. Ainsi, à contrario des pires scénarios imaginables, les plus optimistes peuvent imaginer le retour des supporters déserteurs, la baisse des prix des places, des transferts ronflants et une période encore plus faste pour les pensionnaires d’Old Trafford.

A l’heure qu’il est, toutes ces questions n’ont aucune raison d’être, mais quand la rumeur persiste, elle mérite qu’on s’y attarde. Il n’y a pas de fumée sans feu… Seul l’avenir nous dira s’il y a lieu de s’emballer.