C’est une poésie définitoire. Tous les poèmes commencent, premier vers, par un substantif précédé d’un article défini (le sable, le dénuement, le retour, la découverte, etc.), presque toujours suivi, deuxième vers, par un autre substantif précédé d’un article indéfini (une frontière, un cœur, un geste, etc.) ; le deuxième vers se substitue au premier, ou l’amplifie ou en dévie la trajectoire. Après le troisième vers qui qualifie et confirme l’inflexion du deuxième vers, le blanc d’entre deux strophes, alors les deux derniers vers, la deuxième strophe s’étale dans l’espace libéré par la torsion du deuxième vers.
Ce dispositif, dans ses meilleures réussites, met en œuvre un tissage complexe, chaque mot des cinq lignes noue et serre davantage la toile, en même temps l’étend, donne dans la deuxième strophe, la plus courte, un grand déploiement, une très longue traine.
la complexité
un désir
d’insecte
paysage
ombres légères
C’est le sable, l’ombre, le monde dans la main ouverte qui sont animés d’une force propre et prennent tout le temps.
Michel Thion nous avait donné un {Traité du silence}, dans cet {origami} il fait sentir quelques-unes de ses puissances.
le rocher
une contemplation
déchirée
douceur
ancienne
Laurent Grisel
Michel Thion
origami
Collection Luminaires, Color gang éditeur
14,00 €
novembre 2010