Mais le « boomer crime » prend parfois des allures bien insidieuses : ainsi trouve-t-on la Branche au sein de l’AD Police, une section secrète très spéciale chargée des enquêtes les plus sordides, des affaires les plus noires. « Buzz » en fait partie : il refuse de porter une arme depuis cinq ans, lorsqu’il a tué par erreur une petite fille qu’il prenait pour un androïde. Son équipière Michaelson, par contre, est adepte du matériel lourd même si c’est encore elle qui trouve bien trop fine la frontière entre l’Homme et la machine. Quant à Kimball, c’est carrément un boomer, et le parfait symbole de la contradiction d’une société qui utilise des robots pour en chasser d’autres, sans compter qu’il reste de loin le plus humain des trois…
Avec les désœuvrés du vendredi soir qui parasitent le boomer crime pour se distraire, les hackers qui trafiquent cette nouvelle technologie pour alimenter les mafias locales en main-d’œuvre et les politiques qui condamnent l’artificiel pour mieux dominer l’humain, la Branche a fort à faire pour maintenir un semblant de paix entre la chair et le plastique : Parasite Dolls est l’histoire d’une société qui se fissure…
Parasite Dolls s’inscrit dans le style « polar noir » typique d’AD Police dont elle se présente ici dans la continuité logique. Principales différences : les personnages récurrents – puisque Parasite Dolls s’organise autour d’une brigade en particulier – et le final – éblouissant de noirceur, à la pointe dramatique rare – qui clôt le récit au lieu de l’ouvrir vers une autre histoire comme AD Police Files s’ouvrait vers Bubblegum Crisis premier du nom. Et c’est bien cette clôture-là qui donne tout son sens à Parasite Dolls en révélant le monstre véritable…
Noir, Parasite Dolls l’est assurément ; humain, au moins tout autant. Et ces deux aspects se combinent avec brio : en fait, ils deviennent presque synonymes. Si vous croyez que Mamoru Oshii a inventé quoi que ce soit dans Ghost in the Shell 2 : Innocence (2004), je vous conseille vivement de voir Parasite Dolls dans les plus brefs délais – il y a de bonnes chances que ça vous ouvre l’esprit… Sinon, jetez-vous dessus tout de même, par une nuit orageuse de préférence : loin de toutes considérations métaphysico-migraineuses à deux balles qui parviennent tout juste à noyer le poisson, ce récit hallucinant vous mènera dans des abysses de ténèbres dont vous ne reviendrez probablement pas entier.
Et si vous avez encore la moindre bribe d’espoir envers la nature humaine, il y a fort à parier qu’il n’en restera plus grand-chose après coup : car Parasite Dolls mérite bien son titre, mais le parasite en question n’est pas forcément celui qu’on croit…
Note :
Cette OVA est une série dérivée de la série TV AD Police qui, elle, est un spin-off de Bubblegum Crisis: Tokyo 2040.
Parasite Dolls
Y. Geshi, K. Nakazawa & N. Yoshinaga, 2003
Kaze, 2005
6 épisodes, env. 35 € l’intégrale
- les sites officiels : Kaze (fr), AIC (en), Parasite Dolls.com (jp)
- d’autres avis : Anime-Kun, Schizodoxe, Mackie
Cette chronique fut à l’origine publiée sur le site Animeka